Sur BFM TV : sur les provocations de Gattaz

Hier soir, j’étais l’invité de BFM TV pour réagir aux provocations de Pierre Gattaz dans Le Monde, que j’ai dénoncé dans un précédent billet. Curieusement, face à moi il y avait également invitée une représentante de la CFDT. Il eut été logique que ce soit plutôt un représentant du Medef, non ? De manière générale, je me refuse de polémiquer publiquement avec des représentants syndicaux de salariés. Ce n’est pas mon rôle. Mais, je dois avouer qu’hier soir j’ai été choqué par l’attitude de la représentante de la CFDT qui s’est permis dire que « les mobilisations ne prennent pas » car « les gens commencent à comprendre que cette loi protège les salariés ».

Des syndicalistes ne devraient pas parler ainsi. Un tel culot est même assez incroyable alors que les grèves se généralisent dans beaucoup de secteurs et que toutes les études d’opinions attestent que près des 2/3 des français demandent encore le retrait de cette loi malgré les évidents désagréments qu’entrainent les grèves dans les transports.

Ensuite, ma contradictrice (que l’on présente comme la numéro 2 de la CFDT) a déclaré « S’il y a un point commun entre le Medef et la CGT, c’est que l’un et l’autre s’oppose à la loi. Les extrêmes se confortent. » Je dois avouer que je suis sidéré qu’un syndicat de salariés mettent en signe égal entre un autre syndicat de salariés (ici qualifié comme « extrême ») et le patronat qui le jour même injurie l’action syndicale en des termes que la même représentante de la CFDT n’a pu que condamner tellement ils étaient outranciers. Mais trois minutes après cette condamnation verbale, elle met en signe égal entre la CGT et le Medef. Sidérant.

De plus, soyons franc, dire que le Medef est opposé à la loi impulsée par Myriam El Khomri est incroyable. Une pure astuce politicienne. Si on lit l’interview de M. Gattaz dans le Monde on lira bien qu’il réclame le maintien mordicus de l’article 2 de la loi (qui est le cœur de la bataille) et qu’ensuite il tempête en prétendant que cette loi laisse encore trop de droits à la CGT ou à FO. La part de mise en scène est ici bien entendu flagrante. L’outrance de M. Gattaz sert de prétexte au gouvernement pour faire croire que finalement sa loi est moins ultra qu’on ne le dit et qu’elle défend une position médiane entre patrons et salariés… la ficelle est grosse. Une syndicaliste d’expérience ne peut l’ignorer.

Ma contradictrice a même également affirmé que la loi El Khomri offrait « des droits nouveaux dans les entreprises » notamment les travailleurs des « plate formes ». Sur ce point précis, je renvoie à la tribune corédigée et publiée par ma camarade Danielle Simonnet à propos des chauffeurs de taxi.

Je la cite : « dans la dernière version imposée à l’Assemblée nationale à coup de 49-3, le lobbying des prédateurs de l’économie dite faussement collaborative, a visiblement rencontré un écho encore plus favorable. Via trois amendements de deux députés PS, Christophe Caresche et CatherineTroallic, un nouvel article, le 27 bis, a été introduit. Cet article décrète que les chauffeurs travaillant avec et pour les plateformes type Uber, nommés « travailleurs utilisant une plateforme de mise en relation par voie électronique » sont carrément définitivement exclus du Code du travail qui ne leur sera donc pas applicable. »

C’est donc exactement l’inverse de ce qui a été affirmé sur le plateau de BFM par la représentante de la CFDT. Le projet de loi gouvernemental dans sa dernière version, ne protège pas les salariés des plateformes.

Enfin pour finir, parmi d’autres idées, pour offrir une issue démocratique au conflit, j’ai proposé que le gouvernement fasse un référendum national pour savoir si nos compatriotes sont pour ou contre cette loi. Je n’ai pas bien compris la position de la contradictrice un peu déstabilisée manifestement, qui a dit d’abord qu’elle était d’accord, pour ensuite dire qu’elle voulait uniquement un référendum dans les entreprises, ce qui est une façon d’interdire aux jeunes, aux chômeurs, aux retraités… bref à l’ensemble de la population de se prononcer sur une loi aux conséquences si importante sur la vie de chacun. Dommage. Il ne faut jamais craindre le peuple.