Quand Macron jugeait stérile et sectaire la lutte contre les idées d’extrême droite

Comment rire avec de Villiers ?

En août 2016, Emmanuel Macron avait rendu une visite publique à Philippe de Villiers. Vous savez, M. de Villiers c’est celui qui trouvait longtemps que Le Pen a un programme trop social et ne voyait que des qualités à Marion Maréchal Le Pen. Mais depuis, il veut clairement aider Marine Le Pen à s’installer à l’Elysée et il pense que cette dernière « a une carrure présidentielle » et que « sa main ne tremblera pas lorsqu’il faudra prendre des décisions douloureuses ».

Bref, c’est cet homme tout en nuance, que notre pétaradant candidat d’En Marche avait tenu à le visiter, sous l’œil des caméras et photographes. A cette occasion, M. Macron avait déclaré : « Notre pays est paralysé parfois par une espèce de sectarisme, par des oppositions stériles qu’on voudrait créer. Il y a des divergences, elles sont réelles, (…) C’est normal, c’est la vie politique. Philippe de Villiers a ses convictions que je respecte, j’ai les miennes, sur l’Europe, sans doute sur la société française. Nous appartenons à un même pays ».

Voilà donc ce que pense l’homme qui, au-delà de son affreux programme libéral voulant détruire par ordonnance le Code du travail et supprimer 125 000 postes de fonctionnaires, aujourd’hui donne des leçons de posture anti extrême droite à tous ceux qui ne se mettent pas au garde à vous devant lui immédiatement. D’autant qu’il souhaite qu’on vote pour lui « par adhésion » et non par seul rejet du FN.

Le malheureux, a-t-il bien compris l’état de notre pays ? J’en doute.

Il y a 6 mois, une opposition à de Villiers et son discours d’extrême droite était jugé par Macron « stérile » et « sectaire ». Avouez que c’était une drôle de façon de lutter contre les idées dont de Villiers fut longtemps un des principaux porte-drapeaux. C’était même une façon de banaliser le lepenisme, non ? Quiconque s’y opposait, c’est-à-dire les gens comme nous, était jugé comme sectaire…

 

Macron ou 18 ans de silence contre l’extrême droite !

Ainsi en 18 ans d’engagement politique, existe-t-il une seule tribune, un moindre texte public ou article, un acte public où E. MACRON pris position contre le Fn ? L’historien amateur que je suis a cherché, et recherche encore, et ne trouve pas… Mystère. Rien, nulle trace… et pour cause, cela n’a jamais existé. A moins qu’un verre de champagne à la main, dans quelques cocktails, M. Macron ai peut-être dit à mi-voix « Tu vois Jean-Patou , le projet du Fn n’est vraiment pas sérieux ». Ouch ! Les oreilles du FN en ont sifflé longtemps !!

Mais par contre il n’est le même depuis 3 jours qu’il est deuxième tour, quel tintamarre !  Il fait matin, midi et soir des leçons de morale anti FN toutes dégoulinantes et toutes inefficaces… On a compris, son opposition au FN n’est donc qu’électoraliste et intéressée.

C’est pourquoi, je rappelle que dans la mesure où Macron fait plus de voix que le FN au premier tour, le simple fait de dire « pas une voix pour le FN » est aussi une façon de lutter contre l’extrême droite qui a son efficacité. C’est mathématique. Macron a obtenu 8,65 millions de voix et M. Le Pen en a 7,6 millions. Il y a donc un million de voix d’avance pour le premier. Si tous les autres candidats disaient seulement « ne votez pas FN », si l’on croit que cela a une influence sur les électeurs, Macron serait élu. Mais, il s’avère en plus que le candidat du PS (qui a obtenu 2,29 millions de voix) appelle à voter Macron, idem pour François Fillon qui lui a rassemblé 7,2 millions de voix. Enfin aucun des autres candidats n’appellent à voter FN. Donc, tout en considérant que la situation est grave, on peut quand même réfléchir.

 

Pas une voix pour le FN !

On peut certes juger pertinent de voter directement Macron (en se bouchant le nez) pour battre Le Pen. C’est une option forte. Pas une voix ne doit aller au FN. Et certains peuvent considérer qu’il est bon que le FN fasse un score très bas, pour montrer qu’il est minoritaire dans la société.

Voilà les possibilités de notre consultation qui se conclura mardi : vote Macron, votes blancs ou nuls ou abstention. Je l’ai dit et répété sur tous les médias où j’ai été invité, et lors de notre conférence de presse de mercredi dernier. Il n’y pas de « ni ni » dans ces options. Nous ne mettons pas un signe égal entre les deux candidats. Mais, on n’a pas le droit en 2017 d’injurier ceux qui hésitent encore car ils pensent à demain, une fois que Macron sera devenu Président de la République, et à la façon dont il portera ses coups en s’appuyant sur son éventuel fort score. J’ai lu que Martine Aubry ou le généticien Axel Kahn, pour ne citer qu’eux, étaient eux aussi dans des dispositions d’esprits où ils n’avaient pas envie de dire clairement qu’ils voteront Macron mais bien sûr disent hait et fort qu’il ne faut pas voter FN. CGT et FO disent peu ou prou la même chose… Bref, n’ayez crainte les Insoumis, nous ne sommes pas isolés.

Ma conclusion est la suivante : Restons unis…. et insoumis, même si le 7 mai nous ne votons exactement la même chose ! Les injures des puissants contre nous sont la marque de notre courage. Leur mépris mondain est notre récompense. Depuis lundi une meute se déchaine. Ses cris sont souvent très contre-productifs. On cherche à nous diaboliser. On veut nous accrocher au char du futur vainqueur qui ne doit avoir que le FN pour opposition afin que le nouveau décor soit bien en place. On a même écrit sur mon éventuel vote, alors que j’ai dit et répété que je ne le rendrai pas public. Pas question de céder. Le Peuple est loin de ces combines. Seulement 18,19 des électeurs inscrits ont voté Macron dimanche dernier. C’est-à-dire que ce n’est pas le cas de 82 % des inscrits ! Une étude atteste que 41% des votants Macron l’ont fait par seule peur du FN, et ont leur avait dit sur toutes les chaines, que Macron était le seul vote utile. En gros, cet homme qui a 90 % de la population qui ne le soutient pas… sera sans doute le prochain Président de la République. Effrayant, non ? Je souligne au passage que si l’on additionne les scores de MM. Fillon (LR) et Hamon (PS) ont obtient un piètre 19,98 % des inscrits… ! Alors qu’ils détiennent la très grande majorité des pouvoirs de l’Assemblée nationale, du Sénat, des Mairies, des régions, etc… C’est dire le rejet puissant des partis traditionnels et de celui qui a soutenu le gouvernement depuis 2012. Finalement, en caricaturant, on pourrait presque dire que le PS avait deux candidats, l’un Benoit Hamon a eu pour principale utilité de nous flétrir et de nous piquer des voix qui nous ont empêchés d’être au deuxième tour. Aveuglé par la longue histoire du « Poing et la rose », jamais ce candidat n’a dit autre chose que : ralliez-vous à ma candidature. Ce qui était une lecture fausse de la dynamique politique en marche dans le pays après 5 ans de François Hollande. En écrivant cela, je n’ai aucune lecture complotiste de cette campagne. L’essentiel des choses ont échappé à Solférino, mais j’observe le résultat. Et je sais que beaucoup dans l’entourage de Macron s’en sont très vite frotté les mains. L’équipe de Benoit Hamon à peine une semaine après sa désignation comme candidat était tétanisée par les rapports de force interne au PS, sous la pression de Cambadélis et compagnie. Jamais ils n’ont réussi à s’en émanciper. Jamais ils n’ont seulement répondu à notre courrier. « Cela ne nous intéresse pas » m’avait répondu son Directeur de campagne sur le plateau de Zemmour et Naulleau… L’autre candidat de Solférino, c’était « notre candidat » a dit récemment Ségolène Royal influente Ministre du Gouvernement actuel. Au moins c’est clair. Lui, dans ce maelström incroyable, a capté des voix de droite et du PS pour agglomérer une masse critique lui permettant d’être second tour. Belle manœuvre. Mais je rappelle que sa base sociale et très faible… surtout pour soutenir un projet aussi violent demain. La situation politique reste donc très ouverte… Rien ne sera clos par le résultat du 7 mai.

 

Le « rempart » contre le FN, c’est la France insoumise

En concluant ce billet, plutôt ciblé sur M. Macron, je voudrais revenir sur le fait qu’évidemment Marine Le Pen est un danger. Il faut la combattre politiquement, idéologiquement et électoralement. Mais la situation a changé avec 2002. Les manifestations lycéennes scandant « Ni Marine, ni Macron » en atteste. Sans perspective d’émancipation, aucune lutte contre le FN n’est possible. La consigne de voter « pour n’importe qui » ne fonctionne plus comme il y a 15 ans. Chacun comprend que c’est une course de vitesse entre le FN et la FI qui est engagée. J’affirme donc que notre lutte contre le FN est la seule efficace…Nous l’avons démontré le 23 avril. Dans des centaines de quartiers, grâce à nous l’abstention recule, et le FN baisse (c’est très nettement le cas à Marseille). Leur politique vienne de mettre pour la deuxième fois le FN au second tour en quinze ans. Terrible bilan. A Hénin-Beaumont, où le PS avait combattu en 2012 la venue de Jean-Luc Mélenchon, ce parti fait désormais 5 % !

Mais, malgré ces chiffres nets, des antifascistes d’opérettes pérorent encore, si prétentieux, si irresponsables. Leur couinement ne doit pas nous troubler. La très grande majorité des nôtres comprennent notre démarche. Toutes les études le démontrent. Faites-nous confiance, laissez-nous faire. Il n’y a plus de réelle adhésion aux politiques libérales, en France comme ailleurs… la seule raison qui fait que quelques personnes votent encore pour eux est principalement l’existence du FN, ce « diable de confort », utile repoussoir. Notre naissance est une mauvaise nouvelle pour l’oligarchie. Leur grossièreté contre nous en témoigne.