Pas facile d’être député de la majorité LREM et de rester cohérent. Il aura fallu à peine plus d’un mois pour que l’édifice bancal de la mauvaise loi, bien mal nommée, « confortant le respect des principes de la république » (dite aussi loi séparatisme) se fissure et que l’hypocrisie de ses promoteurs, le ministre de l’Intérieur et la ministre déléguée chargée de la citoyenneté, n’éclate au grand jour. « L’affaire » de Strasbourg agit depuis quelques jours comme un puissant révélateur de la tartufferie gouvernementale. La maire EELV de Strasbourg et sa majorité municipale ont voté, lundi dernier, le principe une subvention de 2,5 millions d’euros à Millî Görüs, une association musulmane très conservatrice d’obédience turque, pour la construction d’une nouvelle mosquée dans le quartier de la Meinau.
Je considère qu’il n’est pas acceptable que de l’argent public aille à la construction d’un lieu de culte quel qu’il soit
Pour ma part, je considère qu’il n’est pas acceptable que de l’argent public aille à la construction d’un lieu de culte quel qu’il soit. Certes, en Alsace, ce n’est pas une nouveauté. A Strasbourg même, la ville a versé 22 millions pour les lieux de culte depuis 2008, toutes mandatures confondues, selon l’actuelle maire, élue en 2020. La précédente municipalité, dirigée par le PS, a participé notamment au financement de la construction d’une première grande mosquée dans cette ville, inaugurée à l’époque par Manuel Valls alors Premier Ministre, et autre grand hypocrite dans cette histoire. Diverses collectivités d’Alsace et de Moselle – dont les conseils départementaux dirigés par la droite – font de même. Ce qui n’enlève rien au problème. « Mais c’est permis par la loi », me dit-on. La loi de la République ? Non, pas exactement. Si le conseil municipal de Strasbourg peut voter une subvention à une religion, c’est que la grande loi laïque de 1905 qui a séparé les Eglises de l’Etat, ne s’applique pas dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et en Moselle. Parce que ces trois départements étaient allemands de 1871 à 1918, et qu’une majorité réactionnaire et cléricale refusa d’y étendre la loi de Séparation quand ils redevinrent français, le concordat napoléonien se maintient jusqu’à aujourd’hui sur ces territoires. Les curés, pasteurs et rabbins y sont des agents publics financés par les impôts de tous les Français pour un total de près de 65 millions d’euros chaque année. Les pouvoirs locaux continuent à pouvoir distribuer de l’argent public aux religions, non sans clientélisme électoraliste. Ce privilège maintenu depuis Napoléon pour les cultes catholique, réformé, luthérien et juif est aujourd’hui un peu élargi à l’islam, par souci d’équité me répond-on. Cela ne change rien à la gravité de l’atteinte au principe de séparation des Eglises et de l’Etat.
Une mesure simple réglerait d’un coup le problème : étendre la loi de 1905 aux départements où elle ne s’applique pas
Un gouvernement soucieux de « conforter » les principes républicains se saisirait du cas de Strasbourg pour prendre la mesure simple qui réglerait d’un coup le problème : étendre la loi de 1905 aux départements où elle ne s’applique pas. Son article 2 énonce que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » et interdit en conséquence tout financement public des religions. Mais c’est tout le contraire que vise le gouvernement si l’on considère bien pour ce qu’elles sont les démonstrations outrées des ministres Darmanin et Schiappa : des monuments d’hypocrisie laïque. Le ministre de l’Intérieur réclame à la justice administrative l’annulation de la délibération du conseil municipal de Strasbourg au motif que l’association bénéficiaire serait liée à un Etat étranger et que ses dirigeants refuseraient de signer la charte de l’islam de France rédigée à l’initiative de son ministère. Ce n’est donc pas le manquement au principe de séparation des Eglises et de l’Etat qui inquiète le ministre mais que l’association religieuse musulmane ne se plie pas à une charte qui n’a pourtant aucun caractère juridique contraignant. Ce n’est pas la distribution d’argent public à une religion qui irrite Gérald Darmanin, mais que le culte ne se soumette pas aux conditions du ministre. Soyons clair. Je n’ai, comme tout militant laïque, aucune sympathie pour le gouvernement islamiste de monsieur Erdogan qui impose un projet obscurantiste au peuple turc, emprisonne ses opposants démocrates et les défenseurs de droit de l’Homme, et attaque nos alliés kurdes pendant qu’ils se battent contre Daesh. Si Erdogan manipule en France, comme c’est probable, des associations religieuses ou culturelles, ses manœuvres doivent être déjouées : c’est une affaire de renseignement, de police et de justice. La loi ne manque pas d’arguments pour agir à partir de faits établis et non de simples allégations. Mais on voit bien comment cette lamentable affaire de Strasbourg risque de finir, la ville ayant malheureusement, aujourd’hui, le droit pour elle. La laïcité en sortira affaiblie.
Les irresponsables qui rêvent d’étendre le système concordataire à l’ensemble du pays en seront mêmes raffermis. C’est le cas de quelques députés LREM : l’un d’eux, élu en Alsace, m’a répondu à l’occasion d’un débat, qu’il souhaitait rien moins que l’extension du concordat à tout le pays ! On imagine la confusion si, dans chaque commune de France, la municipalité avait à juger ce qu’est une bonne ou une mauvaise obédience religieuse et qui mérite d’être financé ou non. Quel recul ! C’est dire la confusion qu’il règne dans les rangs de la majorité. Notons que les amis de madame Le Pen m’avaient, eux aussi, violemment attaqué pour défendre le concordat. Chacun appréciera les alliances anti-laïques entre élus LREM et RN.
Monsieur Darmanin aura alimenté de façon incohérente, une fois de plus pour exister médiatiquement, une triste polémique
En fin de compte, monsieur Darmanin aura alimenté de façon incohérente, une fois de plus pour exister médiatiquement, une triste polémique. Madame Schiappa, de son côté, pense tirer avantage de jeter l’anathème pour islamo- gauchisme sur les écologistes alsaciens. Petites manœuvres politiciennes et grande hypocrisie laïque !Si le gouvernement était sincère, il mettrait en œuvre une solution simple : l’abrogation des dispositions concordataires dans les territoires où la séparation des Eglises et de l’Etat ne s’applique pas encore. C’est ce que les députés Insoumis proposent. Alors, la question de financer la construction de lieux de culte avec de l’argent public ne se poserait plus, ni pour la mosquée Millî Görüs de Strasbourg, ni pour aucun édifice de n’importe quel culte en Alsace-Moselle, comme c’est heureusement déjà le cas dans le reste de la France. Sans concordat, les amis d’Erdogan ne pourraient ni solliciter, ni recevoir d’argent public. Mais d’évidence, régler ce problème n’est pas ce que cherchent les ministres Darmanin et Schiappa. Démasqués, ils paraissent aujourd’hui pour ce qu’ils sont : les meilleurs amis du système concordataire, qui veulent mettre toutes les religions, à commencer par l’Islam, sous le contrôle de l’Etat, se mêler de leur organisation et leur octroyer en échange des financements publics. Ceci n’a rien à voir avec la laïcité et la loi de 1905. Collègues députés de la majorité, si vous êtes attachés à la laïcité, vous n’êtes pas dans l’obligation de suivre les provocations de ministres aventuristes qui ne font que souffler dans les voiles de l’extrême droite. Défendons la liberté de conscience, la liberté des cultes et la séparation des Eglises et de l’Etat. Abrogeons une bonne fois pour toute le concordat !
Retrouvez ma tribune dans Le HuffPost demandant la suppression du concordat d’Alsace-Moselle.
En 2021, renforcer et faire aimer la laïcité exige un minimum de cohérence dans les principes et de refuser tout argument à géométrie variable en fonction des régions ou des religions.
La Laïcité et l’idéal républicain proclament des choses simples : égalité des citoyens devant la loi ; liberté absolue de conscience ; aucun financement public des cultes. Il existe pourtant trois départements métropolitains où ces principes fondamentaux ne sont pas respectés. Trois millions de nos concitoyens y habitent, soit près de 5% de la population. Il s’agit des deux départements d’Alsace et de celui de la Moselle.
En raison d’un épisode tragique de notre histoire – la défaite militaire de 1871 qui entraîna l’annexion, jusqu’en 1918, des trois départements par l’Allemagne – la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 ne pût s’y appliquer. Le concordat signé en 1801 par Napoléon Bonaparte avec le pape , accord qui bafouait alors la première tentative de séparation de l’Etat et de l’Eglise, continue ainsi d’y régir les relations entre les pouvoirs publics et les religions catholique, protestante (luthérienne et réformée), et juive.
Pourtant, ce statu quo ne résulte que d’une situation à l’origine transitoire, malheureusement perpétuée, par la droite cléricale en 1919, puis par la capitulation, en 1924, du Cartel des gauches qui s’était fait élire pour l’abroger.
Cette aberration anti-républicaine n’est pas qu’un sujet local mais bien une question nationale puisque tous les contribuables français dépensent, généralement sans le savoir, plus de 60 millions d’euros chaque année.
Un siècle après la fin de la Première Guerre mondiale, plus rien ne justifie le maintien de ce particularisme inégalitaire et anti-laïque. Est-il républicain que tous les citoyens ne soient pas soumis à la même loi ? Pourquoi devrions-nous graver à jamais dans la loi cette contradiction au motif qu’elle est un produit de l’Histoire ? Doit-on accepter que le passé d’il y a quatre générations soit prétexte à un financement public de religions, qui plus est réservé à quatre cultes seulement, laissant musulmans, bouddhistes, hindouistes et quelques autres encore, à l’écart de ce privilège.
Cette aberration anti-républicaine n’est pas qu’un sujet local mais bien une question nationale puisque tous les contribuables français dépensent, généralement sans le savoir, plus de 60 millions d’euros chaque année pour assurer salaires et logements des prêtres, pasteurs et rabbins, exactement 1393 personnes pour les trois départements.
Ce n’est pas tout : la loi du vicomte de Falloux, qui date de 1850, s’applique encore en Alsace-Moselle. L’enseignement religieux reste obligatoire à l’école publique et les familles des écoliers qui souhaitent y échapper, doivent obtenir une dispense. Chaque élève se trouve ainsi fiché selon son appartenance religieuse, sans que cela choque la CNIL qui a donné son accord en 1995. Face à la désaffection religieuse, le rectorat de Strasbourg a récemment créé des cours d’éveil culturel et religieux (ECR) à l’école publique et au collège.
Soulignons aussi que les dispositions concordataires ont déjà été modifiées sur plusieurs points, notamment le délit de blasphème abrogé seulement en 2017. Cela démontre que l’argument d’une tradition centenaire immuable ne tient pas.
N’acceptons pas aussi l’argument fallacieux que l’abrogation du concordat porterait atteinte aux dispositions sociales avantageuses du droit local d’Alsace-Moselle, héritées des lois bismarckiennes. Au contraire, le République gagnerait à étendre ces dispositions, qui concernent tous les citoyens sans distinction de religion, au pays tout entier.
La suppression définitive de l’anomalie privera enfin d’argument les anti-laïques qui réclament l’extension du système concordataire à d’autres religions ou d’autres territoires. Il est dangereux de laisser les choses en l’état.
Pour terminer, il importe de redire que ce débat n’oppose pas les Alsaciens-Mosellans, qui sont des Français comme les autres et non un peuple à part, au reste du pays. Les défenseurs les plus acharnés du concordat, mis à part les cultes bénéficiaires qui en sont logiquement satisfaits, demeurent, à l’échelle de tout le pays, les fractions politiques les plus conservatrices, cléricales et rétrogrades.
Il est temps d’abroger le Concordat d’Alsace-Moselle ainsi que tous les autres statuts d’exceptions.
Alexis Corbière, député France insoumise de la Seine-Saint-Denis et enseignant de profession, dénonce la « ségrégation » apparue au sein de l’école publique, qui « fait le lit du repli identitaire et religieux ».
« ‘L’école […] est attaquée et notre capacité à intégrer est remise en cause’. Qui parle ainsi? Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans les premières pages de son court ouvrage, Le Séparatisme islamiste (Éditions de l’Observatoire). Un tel constat mérite que l’on s’y arrête. Mais la plus brutale attaque que subit notre école est-elle celle de ce séparatisme islamiste aux contours bien difficile à définir? Si notre école va de plus en plus mal, à qui la faute? Cent trente-neuf ans après les grandes lois Jules Ferry, force est de constater que nos écoles sont désormais la caisse de résonance des terribles inégalités sociales et urbaines, peinent à les corriger ou les reproduisent. Le financement public des écoles privées, depuis 1959 et la loi Debré, n’y est pas pour rien.
Ce financement public du privé, essentiellement confessionnel, coûte 12 milliards d’euros par an au contribuable. C’est 20% du total des recettes de l’impôt sur le revenu. Et tout cet argent dépensé renforce le creusement des inégalités, les établissements privés accueillant deux fois plus d’élèves d’origine sociale favorisée que ceux du public. Ce phénomène est en constante aggravation : chaque année, la part d’élèves issus de milieux défavorisés augmente dans le public et recule dans le privé. À Paris par exemple, un quart des élèves scolarisés dans les collèges publics sont issus de familles défavorisées. C’est six fois plus que dans les collèges privés.
La motivation hors du commun des enseignants ne suffit plus
En plus de cette concurrence entre public et privé, une autre ségrégation est apparue, cette fois au sein même de l’école publique. En effet, selon le quartier où ils se situent, les établissements n’accueilleront ni la même population, ni les mêmes équipes pédagogiques. Ici les meilleurs élèves, issus de milieux bourgeois, encadrés par des enseignants en fin de carrière et installés dans des locaux bien entretenus. On y recense 30% à 50% de mentions bien et très bien aux examens de fin de cycle. Là les élèves en difficulté, avec de jeunes profs et des équipes peu expérimentées, placés dans des bâtiments dégradés. On y atteint péniblement 13% de mentions bien et très bien. Les dérogations à la carte scolaire, devenues légion dans certaines communes, empêchent toute correction, même mineure, de ce séparatisme qui ne dit pas son nom.
Nos enseignants travaillent sans réserve pour corriger ces inégalités criantes. Mais leur motivation hors du commun ne suffit plus.
La progression des écoles privées et l’instruction en famille puisent leur source dans ce délabrement organisé de l’école publique
Il faut mettre un terme à la dimension systémique de ces inégalités qui séparent de plus en plus nos concitoyens selon leur origine sociale et leur lieu d’habitation. C’est ce que je nomme par provocation le « séparatisme scolaire ». À quoi bon légiférer sur des choses anecdotiques quand on laisse chaque année plus de 100.000 de nos enfants, surtout ceux des milieux populaires, finir leur parcours scolaire sans diplôme? Pourquoi accepter que la classe sociale d’origine détermine les conditions d’apprentissage futures? Cet aveuglement fait le lit du repli identitaire et religieux. La progression des écoles privées et l’instruction en famille puisent leur source dans ce délabrement organisé de l’école publique.
Il ne s’agit pas ici de faire des reproches aux familles qui font le choix de l’école privée, ou d’autres modes d’instruction, pour leurs enfants. Les parents ne sont donc pas à blâmer : beaucoup veulent simplement le meilleur pour ceux qu’ils aiment. Le système et les politiques qui provoquent cela ont tant abîmé l’école publique dans les villes populaires. Parce qu’il ne dit pas un mot de tout cela, le texte du gouvernement est essentiellement posture et diversion.
Retrouvez ci-dessous un extrait de mon discours sur le séparatisme scolaire :
Retrouvez ci-dessous mon discours en intégralité, dans lequel j’ai exposé la position du groupe parlementaire La France insoumise sur le projet de loi principes républicains.
Le député LFI, chargé de représenter son groupe dans les débats sur le projet de loi «séparatisme», défend une stricte séparation des Eglises et de l’Etat et se désole de l’étiquette «islamogauchiste» associée à son parti.
L’apparence est trompeuse : Alexis Corbière est souvent rangé dans la bandedes durs. Le député de Seine-Saint-Denis parle et rigole fort. Le rugbyman sait aussi mordre : il peut exploser, comme lors de la perquisition au siège de La France insoumise, et connaît toutes les combines politiques sur le bout des doigts. Une autre vérité surgit lorsqu’on s’approche un peu. L’admirateur deMichel Sardou a un côté tendre. Les polémiques piétinent son petit coeur. Le martyr raconte souvent ses douleurs avec une petite voix. Il vit mal les conflits. Ces derniers mois, il a été rangé dans le tiroir des «islamogauchistes» avec ses copains insoumis. Une accusation qui le fait vriller. Elle est née après la participation de LFI à une marche organisée par de nombreux mouvements, notamment le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF),pour lutter contre les actes antimusulmans. Alexis Corbière prend une voix grave pour sa défense : «Je ne suis ni islamiste ni gauchiste.»
Le gouvernement lui donne l’occasion de se faire entendre. Le projet de loicontre le «séparatisme» est examiné au Palais-Bourbon. Le député de Seine-Saint-Denis a été nommé chef de bande des insoumis. Il mène la baston encommission et dans l’hémicycle. La question de la stratégie du mouvement a été débattue : déposer des centaines d’amendements ou débattre sur le texte proposé par le gouvernement ? Ils ont opté pour le second choix. Le momentest important. Ils souhaitent prouver à la foule leur vérité. Alexis Corbière résume : «Il suffit de chercher dans les archives, si l’un de nos détracteurs trouveun seul mot, une seule entorse à la laïcité dans notre camp. Nous sommes pour la séparation des Eglises et de l’Etat, de toutes les Eglises et de l’Etat.»
Le député a un point commun avec Jean Moulin : il a ouvert les yeux à Béziers, la ville de l’Hérault aujourd’hui dirigée par Robert Ménard. Uneenfance banale. Un petit pavillon, deux grands frères, une mère aide-laborantine et un père comptable. Le Tout-Puissant est présent à domicile.Alexis Corbière, l’enfant de choeur, rompt avec la religion au lycée. Lapolitique prend le relais. Elle arrive par les événements et la rue : il défend Mandela et s’oppose au projet de loi Devaquet, sur la sélection à l’université.Dans la foulée, le jeune militant met un pied au Parti socialiste. Il tombe sous le charme de Jean-Luc Mélenchon et dans les bras de Raquel Garrido. Le«papa poule» (il a trois filles) partage toujours sa vie avec eux. La chroniqueuse de Cyril Hanouna le surnomme «George Clooney» : l’amour rend aveugle.
Alexis Corbière est fidèle à Jean-Luc Mélenchon. Pas un mot de travers enpublic, même lorsque le candidat à la présidentielle loupe un virage. Il portesa parole dans toutes les circonstances. Les brouilles sont rares ; les points communs nombreux. Ils aiment les grandes dates du passé, notamment laRévolution française – Alexis Corbière le «jacobin» a longtemps enseigné l’histoire dans un lycée professionnel. Les différences existent aussi. Le chef Mélenchon ne craint pas les ruptures ; le natif de Béziers, lui, tente toujours de recoller les morceaux à la moindre friction. Les députés marcheurs qui ont croisé sa route ces derniers jours le dessinent comme ça : le dialogue est possible sur un sujet explosif. «Je suis un peu surpris, il n’est pas totalement démagogique et il écoute nos arguments. On pensait que les insoumis feraient ensorte de pourrir le débat, mais le pourrissement vient de la droite qui est dans la surenchère», explique l’un d’eux.
Posé dans la salle de presse de l’Assemblée nationale, Alexis Corbière a de petits yeux. Les débats sont longs et les nuits courtes. Le député pousse pour la fin du régime concordataire en Alsace-Moselle. Il revient sur une rencontre avec le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à l’automne. Le quinquagénaire était en compagnie de son jeune collègue Adrien Quatennens. Une longue discussion sur la laïcité : «On lui a dit que nous sommes favorables au contrôle des finances des lieux de culte et à l’exemplarité des élus de la République. C’est toujours intéressant de parler avec Gérald Darmanin. Parfois il monte dans les tours mais il sait être précis, contrairement à MarlèneSchiappa [ministre déléguée à la Citoyenneté, ndlr] qui ne connaît pas la nuance et qui est sans cesse à la recherche de la polémique.» L’ancien professeur se désole. Il espérait que le projet de loi serve à trouver des solutions pour lutter contre le terrorisme en proposant un nouveau chemin à la jeunesse et aux écoles en souffrance. Il se retrouve à défendre les femmes voilées quiaccompagnent leurs «mômes» en sortie scolaire.
«Traitement égal» Un bout de la gauche, notamment socialiste, guette les insoumis du coin de l’oeil depuis cette fameuse marche. Un député rose : «Je ne dis pas que les insoumis ne sont pas dans le camp des laïcs. Le problème, c’est qu’ils mettent tous les musulmans dans le camp des victimes et cela aggrave les fractures existantes.» Des mots qui agacent Alexis Corbière. L’insoumis demande «seulement» un «traitement égal» pour toutes les religions. Le député admet aussi que son regard a changé depuis son élection de l’autre côté du périphérique : «On parle toujours des femmes voilées, parce que c’est toujours plus facile de s’attaquer aux femmes et de regarder les choses de loin. Mais lorsque tu arrives dans un quartier et que tu croises une femme voilée qui participe à la vie culturelle, éducative et associative, tu lui demandes de rentrer chez elle parce qu’elle porte un voile ?»
Alexis Corbière, désir de rouge L’admirateur de Michel Sardou aime raconter les anecdotes. Il se souvient d’un échange entre les élus de Seine-Saint-Denis et le préfet. C’était l’été dernier, quelques jours après les élections municipales. Alexis Corbière a demandé le nombre exact de listes «communautaires» dans le département. La réponse : aucune. «Je ne dis pas que ça n’existe pas ici ou là, argue-t-il, mais mon téléphone a sonné durant toute la campagne, la presse me posait des questions et je ne savais pas trop quoi répondre. Je ne voyais pas de listes communautaires dans ma circonscription, donc forcément je passais pour un menteur ou un naïf.» Une manière de dire que les étiquettes dans le dos ne sont pas simples à arracher. On n’oublie pas que le tendre aime aussi en coller.
Le régime concordataire, créé par Bonaparte et toujours en vigueur en Alsace et en Moselle, qui reconnaît, organise et finance certains cultes sur fonds publics, n’est-il pas aujourd’hui un archaïsme dans une France laïque ? « L’Obs » a sollicité l’avis du député Alexis Corbière (LFI).
Le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle ont été allemands de 1871 à 1918. De ce demi-siècle, la région a conservé une législation en partie distincte de celle du reste de la France : deux jours fériés de plus, une meilleure couverture maladie, etc. Mais le particularisme juridique le plus connu est le maintien du Concordat instauré par le Premier consul Bonaparte, pas encore Napoléon Ier, en 1801. En vertu de ce régime, les prêtres et les pasteurs – ainsi que les rabbins depuis 1830 – sont des fonctionnaires rémunérés par l’Etat.
Lorsqu’en 1905 la loi de séparation des Eglises et de l’Etat abroge ce système, l’Alsace-Moselle, alors encore allemande, n’est pas concernée. La laïcité, d’accord, mais laquelle ? (Pour le moment, il y en a eu trois différentes). En 1924, le Cartel des gauches, hostile au clergé, souhaite abolir le Concordat, mais renonce face à la levée de boucliers des catholiques. Ce voeu ancien, déjà inscrit au programme de Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles de 2012 et 2017, refait surface à l’occasion du projet de loi sur le « séparatisme ». Il est formulé par Olivier Faure, le premier secrétaire du PS (tollé dans son parti !), mais aussi par les dix-sept députés de La France insoumise, dont l’un des amendements déclare que la loi de 1905 est «applicable sur l’ensemble du territoire de la République ». Dans l’exposé des motifs, les élus LFI soulignent que le Concordat coûte près de 60 millions d’euros par an, et regrettent que beaucoup de contribuables « doivent payer pour des cultes qu’ils ne pratiquent pas ou qu’ils réprouvent ». Mais, dans la région, maintenir le statu quo est un souhait bien ancré. Le débat risque de durer encore longtemps.
Pour Alexis Corbière, « La foi ne peut relever du financement public » Pourquoi vouloir abolir le Concordat d’Alsace-Moselle ? Est-ce si grave qu’il existe un espace en France où la laïcité n’a pas cours ?
Actuellement, certains mots, comme « laïcité », sont tordus et manipulés. Aussi, il faut promouvoir nos principes républicains de façon cohérente : aucun citoyen ne peut revendiquer un particularisme, notamment basé sur sa foi, pour échapper à la loi. La laïcité, c’est la séparation des Eglises et de l’Etat. Pourquoi, dès lors, la refuser dans trois départements comme le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle, où vivent près de 3 millions de personnes ? En plus d’un principe piétiné, ce privilège accordé à certaines religions coûte aux contribuables près de 60 millions d’euros chaque année. Je réclame également la suppression du statut de Charles X [roi de 1824 à 1830] en Guyane, où seul le culte catholique est financé sur fonds publics, ainsi que d’autres exceptions, dans les outremers, notamment à Mayotte. L’Alsace- Moselle a conservé d’autres particularité : sécurité sociale avantageuse, jours fériés, etc.
Toucher au Concordat ne risque-t-il pas de remettre en cause ces acquis sociaux ?
Non, les acquis que vous évoquez sont issus du droit bismarckien, différents du Concordat napoléonien de 1801. Et ces droits sociaux avantageux s’appliquent à tous les citoyens de ces départements. Le Concordat, lui, ne concerne pas toutes les religions : seuls les prêtres, les pasteurs et les rabbins sont payés par les deniers publics. Sont « oubliés » les 100 000 musulmans d’Alsace-Moselle. Fidèle à 1905, je propose de ne financer aucun culte. Après la guerre de 14-18, le sujet pouvait être sensible, mais on est un siècle plus tard, bon sang ! Je m’étonne surtout que certains de mes contradicteurs invoquent une exception au nom de la tradition ou du droit local. A ce compte, n’importe qui pourra proclamer « Moi aussi, j’ai mon histoire, ma tradition, ma religion spécifique », et revendiquer de ne plus respecter la loi de 1905.
N’y a-t-il pas d’autres priorités politiques en 2021 que l’abolition du Concordat ?
Sans doute, mais c’est le gouvernement qui organise un débat sur son projet de loi fumeux concernant le « séparatisme », dans lequel il veut notamment conforter certains aspects de ce statut d’exception. C’est donc l’occasion d’en reparler. 1905 est une loi de liberté et d’émancipation bonne pour tous. Elle garantit la liberté de conscience et donc la liberté de culte. Dès lors, la foi est une affaire privée, qui ne peut relever du financement public. Il est temps que ce principe s’applique partout, pour tous.
Retrouvez mon interview sur le projet de loi principes républicains dans Marianne.
Opposé au projet de loi sur le séparatisme, le député de la France insoumise estime que le gouvernement fait fausse route en défendant une vision hors sol de la République. Il répond également aux accusations de complaisance envers l’islamisme adressées à son mouvement.
Alors que le projet de loi sur le respect des principes de la République est examiné à l’Assemblée, les élus de la France insoumise ferraillent pour combattre ce texte, qu’ils accusent d’être liberticide, anti-laïque et dépourvu de toute ambition sociale. Les députés du mouvement de Jean-Luc Mélenchon sont eux-mêmes sous le feu des critiques, accusés d’avoir abandonné la fermeté républicaine pour fermer les yeux sur la dangerosité de la menace islamiste. Marianne aborde tous ces sujets avec Alexis Corbière, fidèle compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon et député de la Seine-Saint-Denis. Le parlementaire estime que pour combattre la menace communautariste, les moyens de répression sont moins efficaces que la nécessité de faire « aimer la République » en défendant les services publics et la possibilité d’une émancipation pour tous.
Marianne : Jean-Luc Mélenchon a estimé que le projet de loi confortant le respect des principes républicains, actuellement débattu à l’Assemblée nationale, stigmatisait les musulmans. De votre côté vous estimez qu’il s’agit d’un texte de « suspicion généralisée » envers les musulmans. Pourquoi ?
Alexis Corbière : Ce texte est avant tout un outil de communication politicienne qui tente de masquer l’impuissance de la majorité face aux récents attentats terroristes islamistes. Mais cette loi étonne par son aspect confus. Le texte est très prolixe sur des pratiques déjà interdites par la loi et très minoritaires, mais au contraire silencieux sur de grands problèmes qui fracturent la République. Ce projet de loi est également, sans l’assumer bien sûr, une succession de mesures suspicieuses envers les associations cultuelles musulmanes. Pour les cibler sans les nommer, le gouvernement recourt comme souvent à des astuces sémantiques. Il pointe ici les structures qui procèdent « au recrutement d’un ministre du culte ». Ainsi les associations relevant des autres cultes sont-elles épargnées par ces mesures, même si les protestants se sont sentis eux aussi visés. Ce texte exige des associations cultuelles musulmanes qu’elles s’organisent de façon plus démocratique parce qu’elles seraient susceptibles d’être subverties par des putschs salafistes. Cette réalité n’a jamais été démontrée lors des auditions parlementaires. Le législateur est amené à se prononcer sur des menaces qui ne sont pas caractérisées. Reconnaissez que c’est embêtant !
D’autre part, cette exigence pressante ne vaudrait-elle que pour un seul culte ? Non. D’autres éléments confortent cette impression de suspicion généralisée : extension des pouvoirs de l’administration pour dissoudre une association cultuelle, au détriment du juge ; possibilité de « punition collective » d’une association pour la faute d’un seul de ses membres. Quand les représentants de tous les cultes se sont émus de ces mesures, le ministre de l’Intérieur et les responsables LREM ont fait comprendre que cela ne les visait pas. C’est donc les musulmans et eux seuls qui seront visés par cette loi si elle est adoptée.
Pour ma part, je reste fidèle à la loi de 1905. Les croyants comme tous les citoyens doivent respecter la loi. Mais, ce n’est pas à l’Etat de se mêler de la façon dont s’organisent les cultes.
Vous proposez une abolition du Concordat en Alsace-Moselle…
C’est une question de principe pour pouvoir développer une pédagogie républicaine et laïque convaincante. Lorsque j’exerçais comme professeur dans un lycée professionnel en Seine-Saint-Denis, j’ai compris que la laïcité était parfois perçue comme un principe d’hostilité et qu’il fallait inlassablement expliquer son caractère émancipateur et universel. Comment donc admettre que la laïcité ne soit pas appliquée dans 3 départements, qu’on y finance trois cultes (et pas les autres) avec l’argent de tous les Français ? Si on veut faire reculer les particularismes religieux et défendre l’idée d’une communauté nationale où les citoyens sont tous égaux devant la loi quelle que soit leur conviction spirituelle, la persistance de l’exception du Concordat est choquante. Nous avons besoin de cohérence, non d’une laïcité à géométrie variable. Accepter intellectuellement l’idée du Concordat, c’est claquer la porte à l’universalisme républicain et la tenir ouverte à tous les particularismes et privilèges. Cela vaut aussi pour des points parfois considérés comme anecdotiques mais qui sont lourds de sens. Pourquoi le président de la République accepte-t-il d’être chanoine de Latran ? Pourquoi certains cultes sont-ils financés par de l’argent public en Outre-Mer ? Cela donne l’impression détestable que l’Etat reste intimement lié à une religion rendue quasi officielle dans certains territoires. Ces vestiges qui n’ont rien à voir avec la République n’ont plus de sens. Je veux la même loi laïque pour tous, partout.« Les mêmes élus, qui exigent des citoyens, une neutralité totale en matière religieuse, organisent le mélange du politique et du religieux »
La France insoumise préconise également l’interdiction pour les élus de participer ès-qualités à des cérémonies religieuses…
Notons d’abord que la droite et même quelques députés macronistes, emboitant le pas au RN, souhaitent par des amendements étendre l’exigence de neutralité religieuse à tous les citoyens, dans la rue, dans la pratique sportive, lorsqu’ils accompagnent des sorties scolaires, à la plage, etc. C’est une incompréhension totale de la laïcité. L’Etat et ses représentants doivent être neutre, pas les citoyens. Mais les mêmes élus, qui exigent des citoyens, une neutralité totale en matière religieuse, n’hésitent pas à s’afficher avec leur écharpe tricolore à des cérémonies religieuses, organisant eux-mêmes, sans complexe ni honte, le mélange du politique et du religieux : vœu de Nice, vœu des Échevins à Lyon, messe à Orléans pour Jeanne d’Arc, messe organisée sur fonds publics par Robert Ménard à Béziers. Quel est le sens de tout cela ? Que la République et ses élus privilégient un culte sur les autres ? Un élu n’a pas à organiser ou instrumentaliser une cérémonie religieuse. Cela vaut aussi pour la participation à des cérémonies de rupture du jeûne, parfois organisées sur fonds publics comme à la Mairie de Paris. Bien sûr, lors d’événements exceptionnels et graves, comme l’attaque d’un lieu de culte ou même un décès, il est juste que les élus viennent manifester leur solidarité. Chacun comprendra la différence avec ce que je dénonce. Ma solution est simple : élus, donnez l’exemple ! Cessez de participer à des cérémonies religieuses qu’aucun évènement exceptionnel ne justifie !
A la tribune de l’Assemblée, vous avez vigoureusement défendu l’école publique, décrite comme «le grand absent » de la loi. Quel lien avec la lutte contre le communautarisme ?
L’école publique est le fondement de la République. C’est là, en théorie, que la conscience républicaine se forge. C’est là, en théorie toujours, que les citoyens en devenir, issus de différents milieux sociaux, se brassent, s’instruisent ensemble et apprennent à faire Nation. La réalité est bien différente de ce principe. Aujourd’hui, selon les quartiers, l’école publique est à plusieurs vitesses. Plusieurs centaines de communes en sont même dépourvues, n’offrant comme seule possibilité que le recours aux établissements privés. D’une commune à l’autre, d’un quartier à l’autre, les moyens diffèrent, les élèves en difficultés se concentrent dans les mêmes classes, les enseignants sont moins facilement remplacés et bien d’autres inégalités se font jour. Je rappelle que le collège le mieux doté de Seine-Saint-Denis est moins bien doté que le collège le moins bien doté de Paris.
Tous les parents le savent : il existe un sournois « séparatisme scolaire ». Même les plus grandes consciences républicaines sont troublées au moment de choisir l’école de leurs enfants : c’est alors le jeu des petites combines, des relations, du choix des options, ou de l’école privée, afin de placer son enfant dans le meilleur établissement. Je ne fais le reproche à personne de vouloir le mieux pour ses enfants. Mais le constat est que nos enfants ne vont plus dans les mêmes écoles. Dès le plus jeune âge, ils n’apprennent plus ensemble, ils ne jouent plus ensemble, ils ne grandissent plus ensemble. Si l’on accepte le « sauve qui peut, chacun pour soi » où seuls ceux qui disposent de la fortune ou de connexions peuvent placer leur enfant dans le bon établissement, alors tout est perdu. La République, c’est l’émancipation pour tous, l’égalité des droits, le droit pour chacun à une éducation de qualité.
Aujourd’hui, l’école privée scolarise 20% des enfants, et ceux issus des milieux favorisés y sont le double qu’à l’école publique. Depuis 1959, elle est financée par l’argent public, aujourd’hui à hauteur de 12 milliards d’euros par an, des sommes qui pourraient permettre d’améliorer l’état de l’école publique. Après les cadeaux de la loi Carle, la loi Blanquer représente 100 millions supplémentaires pour les écoles privées ! Ecoles de riches d’un côté, écoles de pauvres de l’autre. Ce séparatisme violent doit cesser. Que faire ? Investissons dans l’école publique. Redonnons confiance aux familles pour qu’elles y reviennent. Aidons nos professeurs, ces héros si mal payés. Mettons un terme aux dérogations de complaisance à la carte scolaire, qu’il faudra d’ailleurs redéfinir pour plus de justice. Le chantier est immense mais aucune première pierre n’est posée par ce projet de loi.
Vous dénoncez le contrat d’engagement républicain, en affirmant que la seule chose qu’on peut demander aux mouvements associatifs est de respecter la loi. Mais la République n’est-elle pas légitime à attendre des associations qu’elle subventionne avec de l’argent public davantage que le simple respect des lois ?
Je ne conteste pas le contrôle des pouvoirs publics sur les associations qu’ils subventionnent, mais j’observe que c’est déjà le cas ! Tout élu local sait qu’on accorde une aide sur la base d’un projet, d’une utilité reconnue. Alors pourquoi ce « contrat d’engagement républicain » sinon pour jeter l’opprobre et la suspicion envers l’ensemble de nos associations, au prétexte de cas marginaux que la loi peut déjà appréhender ? La ministre des cohésions des territoires, Jacqueline Gourault, se serait-elle trompée lorsqu’elle affirmait lors de nos auditions : « On sait que dans la plupart des cas, il n’y a rien à redire sur les associations qui reçoivent des subventions » ? Construit sur un fantasme, ce contrat s’inscrit dans une logique floue, caporaliste, et potentiellement liberticide. Sa première version enfonce des portes ouvertes, rappelant qu’une association ne doit pas causer de trouble à l’ordre public – principe déjà énoncé depuis 120 ans par l’article 3 de la loi du 1er juillet 1901. Pourquoi avoir recours à des notions aussi étranges que le« prosélytisme abusif » qui sera interdit ? Qui jugera du caractère abusif ? Selon quels critères ? Moi je souhaite qu’aucune association subventionnée ne fasse de prosélytisme religieux en direction de ses adhérents. Ce contrat est un mélange d’affichage et de fichage, l’expression d’une vision paternaliste basée sur la suspicion.
Ce texte traite certes de laïcité, mais il est également conçu comme une réponse directe au développement de l’islamisme. Dans son discours lundi à l’Assemblée, Jean-Luc Mélenchon a estimé que par rapport au Covid, au réchauffement climatique, à la pauvreté, des sujets comme la polygamie ou le développement du voile étaient dérisoires. Quelle est pour vous l’ampleur de la menace islamiste ?
Les derniers attentats nous rappellent que la lutte contre le terrorisme djihadiste ne doit jamais être relâchée. Mais ce projet donne-t-il les munitions pour empêcher que d’autres sévissent de nouveau ? Le Premier ministre lui-même a reconnu, lors d’un entretien au Monde le 9 décembre, qu’il était « difficile de répondre positivement » au fait d’établir si ce texte aurait permis ou non de déjouer les trois derniers attentats commis sur notre sol. Contre le risque terroriste, la réponse est avant tout un travail de renseignement humain, d’identification, d’infiltration et d’information. Aussi, je rappelle qu’en trente ans, pas moins de 28 lois ont été adoptées pour renforcer notre arsenal, sans que les moyens ne suivent à la même vitesse. Lorsque Samuel Paty a été assassiné, la plateforme de traitement de la haine en ligne, Pharos, ne comptait que 30 fonctionnaires et le groupe de contact permanent, entre les autorités et les réseaux sociaux n’avait pas été réuni depuis plus d’un an.… Le texte n’aborde pas cette dimension.
Il pointe les 2.400 lieux de culte musulmans du pays, suspectés d’être le terreau du terrorisme, alors que ceux qui ont étudié les trajectoires des assassins nous disent que les mosquées ne constituent pas, sauf exception, les foyers où les attentats ont été conçus. La radicalisation est extérieure aux lieux de cultes, souvent liée à des rencontres du quotidien ou sur Internet.
Pour être efficace, il ne faut pas tout mélanger. Partout où la promesse d’émancipation républicaine s’essouffle, on observe un regain de rigorisme religieux, minoritaire mais gangrénant tous les cultes, pas seulement les musulmans. Quand la République s’éloigne, devient abstraite et verbeuse, une fraction de la population s’y reconnaît de moins en moins et s’interroge. Certains trouvent malheureusement une réponse identitaire dans le fondamentalisme religieux. S’il conduit à des dérives sectaires, la loi qui existe déjà et protège les victimes de ces emprises doit être appliquée sans faiblesse. Mais les experts, y compris d’anciens agents du renseignement, nous disent que le terrorisme et l’intégrisme religieux n’empruntent pas les mêmes chemins idéologiques. Si une telle concordance existait, pourquoi Marseille, identifiée par les services du ministère de l’intérieur comme le principal foyer salafiste dans notre pays, a été largement épargnée par le djihadisme ? Les réponses aux deux phénomènes ne peuvent être identiques, sauf à faire preuve d’une naïveté confondante et d’une inefficacité totale. Les terroristes qui s’organisent et qui attaquent, on les traque, on les neutraliste, on les condamne. Mais les intégristes ne se combattent pas par des méthodes de police. Ils se combattent par la force des idées et des politiques qui rendent concrète la République. Faisons aimer la chose, l’amour du mot viendra avec. Aussi, celui qui casse le service public aura bien du mal à convaincre ensuite quelqu’un de la grandeur de la République
Attention, je ne prétends pas que les inégalités sociales constituent à elles seules le terreau de l’islamisme politique. Mais négliger ce facteur est irresponsable. Les intégristes religieux et les ultra-libéraux dansent ensemble un tango morbide pour notre pays. On n’a jamais autant parlé de République et de laïcité, et jamais fait aussi peu pour les défendre. Pour faire reculer l’islamisme politique, renforçons les services publics, embauchons des professeurs, des policiers, aidons l’hôpital public. La République n’est pas un régime neutre devant lequel on fait des génuflexions, avant de retourner tranquillement creuser les inégalités.
Quand on parle d’islamisme et que vous brandissez le Concordat ou le séparatisme des riches, comprenez-vous que cela puisse ressembler à une diversion pour ne pas aborder un sujet qui vous embarrasse ?
C’est toute la stratégie gouvernementale qui est fondée sur la diversion. Le ministre de l’Intérieur n’a-t-il pas évoqué de prétendus « rayons communautaires » comme « commencement du communautarisme » ? N’est-ce pas là un bel exemple de diversion permettant d’éviter les sujets de fond, tout comme nous affubler du titre « d’islamogauchiste » pour abréger toute discussion ? Loin de fuir le débat, j’ai participé avec attention aux travaux de la commission spéciale. Pour mener un débat rationnel basé sur des faits et des études partagées, j’ai demandé à maintes reprises des données objectives sur la polygamie, les certificats de virginité, les « putschs » dans certains lieux de cultes, autant de pratiques intolérables qu’il importe de quantifier. Pour seule réponse, ce fut le silence ou l’imprécision. Les promoteurs ministériels de ce texte préfèrent agiter le chiffon rouge sur des sujets dont ils ne connaissent pas la portée plutôt que de prendre à bras-le-corps d’autres faits graves passés sous silence. Lorsque j’ai pointé le problème de nos 100.000 jeunes sortant de l’école sans qualification, je n’ai eu le droit qu’à un haussement d’épaules en guise de réponse. Quand nous leur proposons une nouvelle République qui donnerait des droits nouveaux aux citoyens, ils nous moquent. Ceux qui nous accusent d’être embarrassés comme vous dites, sont souvent les mêmes qui ont affaibli nos services de renseignements, la justice, la police, etc. Parler du foulard de femmes musulmanes, en sous entendant qu’elles auraient une complaisance pour le crime terroriste, leur permet de faire diversion sur leurs méfaits.
Jean-Luc Mélenchon a vigoureusement défendu les musulmans lundi à l’Assemblée. Le fait qu’une religion, l’islam, soit minoritaire, et que ses fidèles soient parfois victimes de discriminations, implique-t-il que la France insoumise soit là pour « compenser » les attaques contre l’islam ou les musulmans, en prenant leur défense ?
Brandir le drapeau de l’humanisme à cette occasion est-il un problème ? A qui nuit-il que des concitoyens qui sont assimilés à des terroristes par certains bancs de l’hémicycle entendent que d’autres les y défendent ? La République est prise entre deux feux : celui d’une droite extrême, raciste, et celui d’une fraction d’intégristes qui pense que c’est uniquement dans l’enfermement religieux et une pratique rigoriste que réside le salut. Convenez que les premiers sont bien plus puissants politiquement et électoralement que les seconds ! Je ne conteste pas que l’islamisme politique existe, mais je conteste les effets de loupe. Et c’est un élu et un habitant de la Seine Saint-Denis qui le dit. Le sensationnalisme contre les habitants de ce département, cela suffit !
Dans les quartiers populaires, c’est n’est pas une volonté de séparation qui monte, mais une exigence de réparation. Une volonté de vivre, égaux en droits, avec tous les citoyens du pays. Les gens sont lassés, fatigués, en colère contre la ségrégation sociale et la dégradation des services publics. Je ne suis pas dans le déni, je suis lucide. Si les dirigeants de la droite, du RN et du macronisme, indifférents à la question sociale, défendant le choquant « séparatisme des riches » qui se creuse, n’ont pour seul projet que de s’en prendre aux pratiques confessionnelles de quelques milliers de gens, ce sont eux les idiots utiles du fanatisme religieux. Pour ma part, je continue à me battre, avec mes amis, pour construire une République démocratique, laïque et sociale. C’est l’exigence ultra majoritaire qui progresse dans le pays. Le texte actuellement débattu à l’assemble n’apporte strictement rien à cette tâche, sur certains points, il la complique.
Ce soir, je suis intervenu dans l’hémicycle pour défendre la position de la France insoumise lors du débat sur le projet de loi principes républicains.Vidéo de mon discours et extraits :
Aucun régime politique durable ne s’imposa jamais dans le coeur des peuples par la force, mais toujours par l’amour de ses principes. Oui, tout républicain doit agir constamment pour faire aimer la Republique et donc ses principes fondateurs. Cette tâche de conviction ne peut pas être une succession de vexations et de suspicions envers certains de nos concitoyens et leurs associations cultuelles, au nom d’une complaisance, finalement jamais démontrée, avec des actes terroristes.
Où est la recherche de l’adhésion du citoyen, qui devrait passer par le renforcement de droits acquis ou l’acquisition de nouveaux droits dans votre texte quand, par exemple, un tiers des articles renforcent les dispositifs de contrôles ?! Etrange paradoxe : rarement nos gouvernements successifs ne se sont autant réclamés, jusqu’à l’ivresse des mots, de la République et de la laïcite, et jamais leurs politiques ne s’en sont autant éloignées !
Si la République a de vrais ennemis armés, notamment ceux qui l’attaquent au nom d’un islamisme politique violent et obscurantiste, il n’y pas qu’eux qui s’arment contre elle, l’extrême droite aussi veille ! La République a aussi de faux amis qui ne cessent de parler bruyamment en son nom mais qui la détruisent de l’intérieur, notamment au nom de politiques ultra libérales qui creusent les inégalités sociales et font douter de la République…
La nature a horreur du vide, idem en politique. Or, quand la République recule, le vide politique et social laissé se remplit progressivement de règles autres que les lois, qui ne bâtissent plus du commun mais qui enferment le citoyen. C’est vous, via ce texte, qui faites le lien entre des pratiques confessionnelles rigoristes et les attentats. Pour que le débat qui s’ouvre ne soit pas l’occasion d’un grand déversoir de propos intolérants, il faut préciser les mots. Liberté, Egalité, Fraternité telle est notre devise nationale. Une République démocratique, sociale et laïque comme l’affirme notre Constitution depuis 1946. Ces trois principes avancent ensemble : si vous en oubliez un, les deux autres n’ont plus aucun sens.
Où est la République démocratique quand le pouvoir se concentre comme jamais entre les mains d’un monarque présidentiel élu tous les 5 ans ? Quand la grande majorité de nos concitoyens ne vient plus voter aux élections intermédiaires ? Où est la République sociale quand notre pays compte bientôt 10 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, soit 15 % de la population et que ce nombre effrayant continuer à augmenter ? Condition de la liberté de conscience, du droit de croire et de ne pas croire, la laïcite garantie la liberté de culte, et bien sûr aussi le droit de critiquer ces cultes, certes.
La laïcite, après des siècles d’alliance néfaste entre le pouvoir temporel et spirituel est donc la stricte séparation entre l’Etat, chose commune à tous, et les Eglises. Clin d’oeil de l’Histoire, son acte de naissance est « un séparatisme ». L’Etat doit donc veiller à assurer sa neutralité et celle de ses représentants, ses fonctionnaires et donc des élus. Mais la laïcité doit laisser les citoyens tranquilles, qui n’ont pas à respecter les mêmes principes de neutralité. La Laïcité n’est ni l’athéisme, ni l’anticléricalisme d’Etat, attitude encore plus odieuse quand elle est le prétexte d’acharnement de la part d’une laïcité mal comprise envers un culte et de complaisance envers d’autres.
En conséquence enfin, parce qu’ils sont distinctement séparés l’un de l’autre, l’Etat républicain n’a à financer aucun culte. Où est la grande laïcité de 1905 ? piétinée ! Votre laïcite est à géométrie variable ! Voilà la paradoxe que vous nous présentez : vous appelez aux « Respect des Principes Républicains » dans les intitulés de votre PJL… vous les piétinez dans vos politiques économiques et sociales et ne comprenez pas ce que doit être la laïcité. Votre texte n’est finalement qu’un mélange confus de mesures exprimant un état d’esprit entre affichages et fichage. Votre texte est prolixe sur des points depuis longtemps déjà interdits par la loi ! Votre texte est silencieux et sans courage devant des terribles problèmes qui s’aggravent, comme le chômage, la dégradation des services publics, la précarité ou l’affaiblissement de notre système de santé public ! Enfin, votre texte est aussi suspicieux contre un culte et contre les associations cultuelles qui l’organisent ! J’ai nommé les Musulmans.
Nous devrions aider le milieu associatif plutôt que de le pointerdu doigt ! C’est lui souvent le dernier réseau de liens républicains. Pourquoi vouloir les contraindre à adopter une charte qui sera sans doute d’une efficacité douteuse. Les associations cultuelles seront davantage contrôlées et, pour parler clairement, suspectées. Cela visera quasi exclusivement les associations du culte musulman qui devront s’organiser de façon plus « démocratique », exigence pleine de condescendance. L’esprit de la loi de 1905 est une vision libérale des religions, de libre organisation du culte. Pourquoi allons nous donc demander à des associations cultuelles de s’organiser différemment ? Vous étendez ensuite les possibilités de dissolution administrative sans passer par la justice. Cela nous pose fondamentalement problème ! Oui parfois il faut condamner, mais c’est à la justice de le décider ! C’est une mesure liberticide !
La loi de 1905 sera affaiblie alors que vous vous en réclamez. Les « biens de rapports » ouvrent la porte à une évolution inacceptable des associations cultuelles qui pourront ainsi changer de nature et perdre leur unique fonction de 1905 ! Vous vous réclamez de 1905, vous ne manquez pas d’humour ! Vous dites même que le Président de la République est le premier défenseur de la laïcité… Je ne le crois pas et, vous aurez beau vous réclamer d’Aristide, votre texte n’est pas « Briand » ! Je me permets de rappeler ici l’art. 19 de cette loi 1905, qui dit que « les associations ont pour objet exclusivement l’exercice d’un culte » et non la gestion d’un bien sans lien avec ce culte. Or, les biens de rapport le permettront !
Nos amendements veulent définir une République en actes. D’ailleurs, je ne sais pas combien d’entre eux seront rejetés: c’est incompréhensible que vous refusiez de discuter certains de nos amendements notamment ceux qui renforcent la MIVILUDES ! Il y a un grand absent dans ce texte: c’est celui évoqué par le Pdt de la République lors du discours des Mureaux : la « ghettoïsation du pays » ! Ces mots forts qui devraient nous amener à agir, cette dimension est totalement absente du texte. Ce texte est d’abord inutile dans la lutte contre le terrorisme, et vous l’assumez ! Ce texte ne permettra pas non plus au dispositif Pharos de voir ses éléments renforcés pour lutter contre la haine en ligne !
Enfin, le grand absent de ce texte est le séparatisme qui mine ce qu’est le fondement la République : c’est le séparatisme scolaire ! Nos enfants ne vont plus dans les mêmes écoles selon leur milieu social ! Cette menace pèse sur la République ! Jamais nos écoles n’ont été aussi inégalitaires. Il faut agir très vite contre ce séparatisme scolaire : la concentration sociale des plus favorisés dans certains quartiers et les plus pauvres dans d’autres ! Les écoles privées sont financées depuis 1959 sur l’argent public, cela coûte 12 milliards d’euros par an au contribuable ! 20% des recettes de l’impôt sur le revenu sert à financer cette concurrence au service public ! Cela doit cesser ! Ce séparatisme scolaire touche aussi nos élites : en 1950, parmi les élèves de l’ENA, HEC et l’ENS, 30% étaient issus des milieux défavorisés. Aujourd’hui ils ne sont plus que 9%. Même ces écoles sont la caisse de résonnance des inégalités.
Il faut faire de l’ecole publique une école conquérante. Faire en sorte par exemple qu’en Seine-Saint-Denis, lorsqu’un enseignant est absent, il est immédiatement remplacé ! Garantir qu’il y ait du soutien scolaire, etc… Il faut abroger la loi Carle et la loi Blanquer, qui créent un effet d’aubaine pour l’école privée ! Par ex. la loi Blanquer a obligé la ville de Bagnolet, commune la plus endettée de France, à verser 150 000€ supplémentaires à l’école privée ! Nous devons aussi mettre fin aux écoles hors-contrat. Je privilégie l’école publique mais je comprends la vexation des familles qui ont choisi l’Instruction En Famille et qui se trouvent embarquées dans un texte ayant pour but la lutte contre l’islamisme politique. Nous proposons de renforcer aussi les contrôles dans les familles IEF avec au moins deux controles par an. Le Ministre Blanquer s’inquiète qu’il y ait des dérives sectaires parfois mais il ne donne pas les moyens pour réaliser les contrôles !
Nous devrions abroger les déductions fiscales dont bénéficient les associations cultuelles ! Nous n’avons pas à financer par argent public le Culte. Ce n’est pas dans la loi de 1905 ! Selon Thomas Piketti, cela représente 200 millions d’euros. De plus, il est temps de mettre fin au Concordat d’Alsace-Moselle qui est une aberration anti laïque ! Cela coûte chaque année 60 millions d’euros d’argent public. C’est un vrai scandale ! La loi, la même pour tous, partout !
Nous estimons que les élus doivent donner l’exemple de la neutralité religieuse… Les élus és qualité ne doivent pas, selon nous, participer à des cérémonies religieuses ! Il est aussi urgent de lutter contre le séparatisme des riches, c’est celui-là qui nous coûte cher ! Nous proposions le rétablissement de l’ISF et l’impôt universel, c’était de vraies mesures sociales ! Ce texte ne se situe donc pas dans la continuité de ceux qui défendent la loi de 1905 c’est cela le problème, vous affaiblissez 1905 ! Ce qui monte au contraire dans le pays n’est pas une volonté de séparation mais de réparation !
Oui c’est au nom du respect des principes républicains que nous défendrons nos amendements. Nous pensons que ce n’est pas rendre service à la République que d’utiliser des mots qui nous sont chers on institue en quelque sorte une loi des suspects ! Dans un pays où le questionnement de ce pourquoi et comment nous faisons Nation est aussi fort, si c’est un discours de haine et de xénophobie qui l’emporte, alors vous rendrez un bien mauvais service à la République !
Aujourd’hui, j’étais l’invité d’Elizabeth Martichoux dans sa matinale LCI. Nous avons pu revenir sur les grands thèmes d’actualité du moment, à commencer par les annonces du Ministre de la Santé, Olivier Véran, quant à la crise covid.
Nous avons débuté avec les seuils des territoires situés en zone rouge, dans lesquels les restrictions seront désormais plus importantes, comme par exemple à Marseille, où les bars et les restaurants devront fermer à partir de lundi prochain. J’ai rappelé que Jean-Luc Mélenchon avait été raillé lorsqu’il avait exprimé sa crainte d’une 2ème vague. Or, il apparaît que l’hôpital public commence de nouveau à être sous tension. Après avoir été malmené par des politiques visant à faire des économies sur son dos, il devient urgent de réouvrir des lits, recruter des soignants et retrouver notre capacité de production de matériel médical. La planification est nécessaire !
La situation tendue dans les hôpitaux publics lors de cette crise COVID19 est la caisse de résonance des mauvais coups portés à l’hôpital public par les gouvernements précédents et le gouvernement Macron ! Ne l’oublions pas !
Par la suite, j’ai été interpellé sur le sujet du séparatisme et notamment ce fameux projet de loi que le gouvernement doit présenter en décembre. J’ai expliqué que nous devions avant tout défendre la loi de 1905 et notamment ses deux premiers articles qui consacrent la liberté de culte et garantissent que la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
Je suis pour être ferme vis-à-vis de tous les fanatiques religieux, dont les islamistes, par contre je ne suis pas pour créer un climat de suspicion generalisee. La formulation de séparatisme ne veut rien dire.
La loi permet déjà le contrôle et la fermeture de certaines écoles soupçonnées de dérives sectaires. Il faut en revanche pouvoir appliquer ces lois donc recruter des personnels pour réaliser ces contrôles ! Des moyens doivent être donnés au service public. De plus, j’estime que Gérald Darmanin doit expliquer quel est le problème de manière précise, qu’il nous donne des chiffres pour avoir un débat rationnel !