L’arrogance des puissants et leur égoïsme sont depuis bien longtemps un des traits caractéristiques des difficultés que nous avons à régler. Une nouvelle fois, le sectarisme libéral de Pierre Gattaz, Président du Medef, s’étale sans limite. « On lâche rien » semble également son hymne militant, qu’il sifflote jour après jour, mais lui défend bec et ongle, sa classe sociale. Sa vision du monde, et celle de ses prédécesseurs, est tellement bornée et basse de plafond qu’elle dégrade la vie politique depuis des années, creuse le chômage, augmente la précarité, détruit le lien social, affaiblie la République, et qu’elle fait de lui un rabatteur de voix vers le FN même inconscient (qui sait ?) et surtout quand il prétend le combattre.
Un bidon d’essence à la main….
Ce type balance en rigolant des bidons d’essence sur un incendie en voulant nous faire croire que cela va éteindre les flammes. Au fou ! Mais, faites-le taire ! En lisant son interview dans Le Parisien / Aujourd’hui on a envie de pleurer de rage tellement ses propos sont pétris d’une vision du monde qui fait le jeu de l’extrême droite depuis des années. J’ignore si ce monsieur est sincère quand il dit qu’il ne souhaite pas la victoire du Front national aux prochaines élections régionales, mais si c’est le cas : qu’il se taise.
Gattaz ment sur le programme du FN… pour critiquer les idées de gauche
D’abord, il serait utile que M. Gattaz se tienne un peu au courant et lise vraiment le vrai programme du FN et non qu’il répète de façon pavlovienne ce qu’en disent des médias peu informés ou médisants. Non, le FN ne souhaite pas augmenter « tous les salaires », jamais il n’a dit ni écrit une chose pareille, nulle part, et non il ne veut pas augmenter le SMIC de 200 euros comme l’affirme pourtant M. Gattaz dans son interview. Non, c’est l’inverse. Mme Le Pen a plusieurs fois répété qu’elle ne souhaitait pas l’augmentation des salaires et particulièrement du SMIC qu’il considère comme « une broutille ». Concernant la retraite à 60 ans, Joêlle Mélin, une députée européenne FN qui supervise pour eux les questions programmatiques, a répété plusieurs fois à la presse qu’ils vont cesser de proposer 40 annuités travaillées pour bénéficier d’une retraite pleine : » Nous aurons du mal à rester sur les quarante ans de travail, il faut tenir compte de l’allongement de la vie. ». J’invite chacun à relire mon billet de blog précisément sur le sujet il y a quelques jours.
Mais surtout, est ce que tout le monde mesure la bêtise des arguments de Gattaz qui se répandent ainsi sur une double page d’un grand quotidien ? En gros, il dit : ne votez pas FN, ils veulent augmenter vos salaires !! Wahou… Mais quel esprit tordu peut croire cela efficace sur le plan électoral, surtout en direction des milieux populaires ? Surtout de la part d’un monsieur qui gagne 425 000 euros de salaire brut annuel et qui s’est augmenté significativement ces trois dernières années… ? Dans quel monde vit ce drôle de personnage ?
De Pierre à Yvon… Pour Gattaz, le programme de l’extrême droite lui fait penser à mai 81 !
Mais le pire de la malhonnêteté est à venir, quand M. Gattaz dit du programme du FN « Il me rappelle étrangement le programme commun de la gauche de 1981. » Quelle honte ! Il ose mettre un signe égal entre les deux ! Quelle bouillie dans sa tête. C’est déflagrateur sur le plan des idées politiques. Car, quel que soit ce que l’on pense du bilan global des deux septennats de François Mitterrand, la victoire de 1981 c’est pour des millions de gens, une 5e semaine de congés payés, le passage au 39 heures, l’augmentation du SMIC, l’augmentation des cotisations sociales, les lois sociales dans les entreprises, etc… Comparer tout cela à une victoire de l’extrême droite est sidérant. La haine de classe transpire dans ce piteux constat. Là, le dénommé Pierre redevient le rejeton de Yvon Gattaz, Président agressif du CNPF en 1981 qui déclarait une « guerre de tranchées » au gouvernement PS-PCF. Pierre Gattaz, ce « fils à papa patronal », dont la réussite revient exclusivement d’avoir hérité de l’entreprise de son père, devrait avoir honte de telles comparaisons : pour lui, la gauche ou l’extrême droite, c’est pareil ! Vraiment ?
Pour Gattaz, « Le Pen = Mélenchon », ou la version remixée de « Plutôt Hitler que le Front populaire »
Et l’idéologue réactionnaire enfonce le clou plus loin dans l’entretien : « Mon seul problème est le programme politique est le programme économique des partis politiques. Or, quand je vois celui du FN, qui ressemble à celui de l’extrême gauche, je ne suis pas d’accord. Extrême droite, extrême gauche, c’est la même chose : Mélenchon, Le Pen même combat ». Tout est dit dans ce passage. Cet homme assume n’avoir aucune opinion politique personnelle à donner sur l’extrême droite, sur sa vision xénophobe du monde, sur sa vision ethnique de la France, sur sa haine répétée de nos concitoyens musulmans, sur sa justification des inégalités sociales, sur son programme politique de guerre civile… Fondamentalement, il n’a pas de problème avec les valeurs et les principes idéologiques que portent le FN. Non, pour lui ce qui compte c’est le programme économique, c’est le business. C’est tout. En fait, avec un programme économique ouvertement plus libéral, du type de celui de Le Pen père d’il y a encore 4 ans (et qui était porté par Marine Le Pen sans état d’âme à l’époque), Gattaz voterait FN sans difficultés. Le FN a entendu le message et dans ces conditions il y a à craindre que la jonction entre Medef et FN se fera plus tôt qu’on ne le croit. On est estomaqué devient cette médiocrité de pensée de la part d’un représentant du haut patronat. A quatre jours du premier tour d’une élection, quel pain bénit pour Marine Le Pen. Elle applaudit ! Elle demande un débat ! Le message des patrons est clair à l’attention du FN : changez votre programme économique et on sera avec vous ! Et puis la comparaison avec Jean-Luc Mélenchon et nos idées est à vomir. Pour lui, tout cela serait du pareil au même ? Ceux qui veulent l’égalité et ceux qui veulent approfondir les inégalités, sont une seule une même chose à ses yeux s’ils empêchent le profit. Cet homme n’a manifestement que faire de la République et de l’intérêt général. Il ne représente que son petit lobby de riches. Point final. Il veut plus, toujours plus, encore plus… Qu’importe qui dirige le pays et les Régions. Quand le journal l’interroge sur les 40 milliards de déductions fiscales dont le patronat a bénéficié depuis 3 ans sans créer le moindre petit emploi (alors qu’il avait arboré un pin’s promettant en échange 1 Million d’emplois), il répond qu’il n’a pas de compte à rendre et qu’il faut aller plus loin dans les solutions libérales : « plafonnement des indemnités prud’homales, simplification du travail le dimanche et en soirée. »
Quand Valls applaudit Gattaz…
Le plus grotesque, et le plus irresponsable, et que ce matin même, au micro d’Europe 1, Manuel Valls s’est « félicité de la mobilisation de Pierre Gattaz» contre le FN. Il ne voit même pas que la façon dont le Président du Medef, opposant d’opérette, parle du FN détruit toute idée de gauche, toute idée de partage de richesse, de progrès… Il ne voit même pas que Gattaz invente une dimension sociale à l’extrême droite qui n’a même plus à faire semblant d’en avoir une. Il ne voit même pas qu’il salit l’histoire même du Parti socialiste en assimilant l’extrême droite à la belle victoire de mai 81. Dans ce moment difficile, j’invite chacun à essayer de garder les idées claires. Je vous invite à voter pour les listes que nous soutenons avec Jean-Luc Mélenchon. Soyez vigilant, elles peuvent avoir des noms et appellations différentes selon les Régions. En Ile-de-France, je voterai pour la liste Front de Gauche où se trouvent mes camarades Raquel Garrido et Eric Coquerel qui sont têtes de listes dans les Hauts de Seine et à Paris, c’est à dire la liste conduite par Pierre Laurent.