Primaire PS : voter, c’est amnistier

En politique, un petit geste d’apparence anodine, peut parfois être lourd de conséquences. Aller voter à la primaire PS qui débute, c’est symboliquement amnistier ceux qui sont les premiers responsables des mauvais coups portés depuis 2012. Nous ne sommes ni des poissons rouges dotés d’une mémoire de courte durée, ni des êtres sans culture. Cette primaire ne surgit pas du néant. Chacun de ses acteurs doit être jugé à la lumière de ses actes concrets lorsqu’il était ministre de François Hollande et non sur ses promesses. Sans quoi, ce débat d’à peine onze jours ne sera qu’un fumeux concours Lépine (ou plutôt l’épine et sans la rose) de propositions politiques portées par des hommes, et une femme, qui n’ont jamais cherché à les mettre en œuvre lorsqu’ils étaient en responsabilité. Ou même souvent qui ont fait l’inverse.

 

Une primaire de perdants

Cela saute aux yeux. Cette « Primaire » n’est qu’un débat interne au PS, parti en pleine décomposition, foudroyé par son détestable exercice du pouvoir, n’ayant aucun programme pour cette élection présidentielle. Ce n’est plus qu’un simple congrès ouvert décidant pour demain de rapports de force à l’intérieur d’un appareil très impopulaire. Cette primaire ne rassemble pas, elle divise. Au nom de quel masochisme faudrait-il  y participer puisqu’aucun de ceux qui concourent ne peut l’emporter en avril et mai ? Laissons-les donc entre eux. La médiatisation de ce débat, et le lassant matraquage qui l’accompagne, n’en changera pas la nature. C’est une primaire de perdants, de battus d’avance. Il est d’ailleurs assez antidémocratique que les médias lui accordent autant d’importance, alors qu’il est évident qu’il en aura beaucoup moins dans les urnes du mois d’avril.

 

Assez d’arrogance : ce n’est pas la primaire de « la gauche »

D’ailleurs, il est mensonger de parler de « Primaire de la gauche » comme le font abusivement certains journalistes ou responsables politiques. En nommant mal les choses, on trompe. Il faut dénoncer cette volonté d’embrouiller le citoyen pour tenter d’empêcher que s’exprime la juste sanction des électeurs. C’est ensuite très méprisant pour la quasi-totalité des formations se réclamant de la gauche qui n’y participent pas, soit parce qu’elles l’ont refusé, soit qu’elles en ont été exclues. C’est enfin une nouvelle manifestation de l’arrogance intellectuelle solférinienne qui consiste comme toujours à penser que tout doit tourner autour du nombril du PS.

 

Le PS a reconduit les mêmes candidats aux élections législatives

Que personne ne se laisser enfumer. Quel que soit le vainqueur de la Primaire, la très grande majorité des candidats aux législatives qu’il soutiendra seront les mêmes qui ont soutenu les politiques menées depuis 2012 ! Par conséquence, comment croire qu’il est utile de voter pour un candidat à la primaire PS qui s’engage à « abroger la loi El Khomri », alors que la majorité parlementaire sur laquelle il compte s’appuyer est peu ou prou celle qui a soutenu cette loi ? Un exemple de cette incohérence : Mme El Khomri est candidate aux élections législatives dans le 18earrondissement de Paris. Serait-il sérieux qu’elle mène campagne derrière un candidat qui prétende abroger la loi qu’elle a elle-même rédigée ? La réponse est dans la question. Autre exemple, Mme Catherine Lemorton actuelle députée de Haute-Garonne et présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale et a activement participé à la rédaction de la dernière mouture de la loi El Khomri. En mai dernier, elle dénonçait « la trentaine de frondeurs qui ont pris en otage « la loi travail » ». Aujourd’hui, changement de cap, elle est porte-parole de M. Montebourg et s’engage à abroger la loi qu’elle a défendue. Comprend qui peut.

Tout cela dupera-t-il les électeurs ?

 

Pas d’amnistie générale !

Grâce à la campagne proposée par la France Insoumise et son candidat Jean-Luc Mélenchon, dans le camp du progrès social un monde politique nouveau est en train de naître. Aidons-le à s’épanouir. Et laissons un vieux monde s’éteindre, avec les partis qui l’ont directement soutenu, tout aussi usés que les femmes et les hommes qui y ont fait carrière. N’allons pas lui redonner de la légitimité en votant dans cette primaire. Durant cinq années, malgré les taux d’abstention record, notamment dans les milieux populaires, qui traduisaient dégoût et colère, jamais le PS n’a demandé majoritairement une modification significative des politiques menées depuis 2012. Il est resté solidaire de François Hollande coûte que coûte, majoritairement, collectivement. Il est donc temps de rendre des comptes. Responsable et coupable du bilan, aucune amnistie politique ne doit lui être accordée.

 

Pourquoi aider le PS ?

Se déplacer les 22 et 29 janvier pour voter lors de la primaire PS c’est, qu’on le veuille ou non, donner un coup de main (et accessoirement 2 euros) à ce parti pour qu’il essaye de remonter la pente. En votant, on le lave de ses responsabilités, on l’absout et on efface son bilan. Quel intérêt ? Et pourquoi perdre à coup sûr avec le PS alors qu’en 2017 il est possible de gagner avec Jean-Luc Mélenchon ?

 

Plutôt qu’un candidat, le PS doit présenter des excuses

Voter Jean-Luc Mélenchon, c’est écrire une page nouvelle de notre pays en permettant la convocation d’une assemblée constituante qui rompra avec la monarchie présidentielle et mettra les citoyens aux postes de commande.

Voter à la primaire du PS, c’est amnistier un parti qui, plutôt que de présenter un candidat, devrait présenter des excuses aux français.