Décidément, ce gouvernement ose tout. Et c’est même à cela qu’on le reconnaît. Il profite d’un climat lourd et d’une France endeuillée par le terrible meurtre d’un couple de policiers, frappés par un homme fanatisé par un islamisme radical et violent. Mais, loin de travailler à rassembler notre société, ce gouvernement la divise, la provoque et fait fructifier les pires idées, celles qui appellent à une solution autoritaire.
Qui aurait cru que ces gens, osant se réclamer de l’idéal « socialiste », menacent d’interdire des manifestations syndicales ? Même la droite n’aurait pas osé. Et seul l’extrême droite avait menacé sur ce thème ces derniers temps. Sidérant. Enfermés dans des postures rigides et inquiétantes, MM. Hollande, Valls, Le Guen et leurs épigones, continuent méthodiquement d’insulter, cherchant ainsi à exploser le champ classique de la vie politique française, par l’intermédiaire de petites provocations sordides, visant avec soin tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. Sans rechigner toutefois, à mettre en place quelques roublardises pour essayer de contourner et d’esquiver la colère populaire en vue de 2017. La dernière de ces astuces se nomme « Primaire de la gauche de gouvernement » proposée par le premier cuistot du PS, celui qui présente les plats les plus épicés, le chef trois étoiles de Solférino, j’ai nommé M. Cambadélis. J’y reviendrai.
Manuel Valls, l’homme dévasté
Le triste épisode de l’Hôpital Necker dans cette semaine en est une nouvelle illustration. Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon a bien résumé les choses. Bien sûr, les coups portés contre les vitres de cet hôpital sont inacceptables, intolérables, irresponsables. Mais, Il est absurde de parler d’un « hôpital dévasté » comme l’a dit sans trembler Manuel Valls au micro de France Inter le lendemain, en accusant la CGT. C’est d’ailleurs lui qui est psychologiquement dévasté. Vous l’avez vu ? En permanence les mâchoires crispées, raides et l’air agressif ? Effrayant. Et puis cette dégradation est l’acte d’un individu isolé qui agit seul, étonnement non loin de forces de polices inertes, contre l’avis des personnes autour de lui. Bien sûr, sauf dans la tête de gens tordus, cet acte scandaleux ne saurait « illustrer » et « résumer » l’immense manifestation organisée la grande majorité des organisations syndicales (7 organisations qui ont été rejointes par la CGC), de plusieurs centaines de milliers de personnes qui réclament avec calme et détermination le retrait de la loi El Khomri. Des responsables politiques doivent savoir garder la tête froide. Sans quoi le moindre chauffard devrait faire condamner toutes les conductrices et tous les conducteurs automobiles, le moindre hooligan devrait faire interdire le football, et le moindre Ministre du budget pratiquant la fraude fiscale devrait entrainer la démission de tout le gouvernement (encore que sur ce dernier exemple, j’hésite…). Sans quoi il n’y a plus d’Etat de droit. Ici, la provocation médiatique du gouvernement, qui par ailleurs supprimé 20 000 postes dans les hôpitaux publics en même temps qu’il se dit bouleversé par le bris des vitres de Necker, vise grossièrement à casser la contestation en cherchant à dresser l’opinion publique contre les manifestants, est donc à son comble… mais fait « pschiit ». D’abord parce que ladite « opinion publique » (certes réalité floue qui reste à préciser dans ses contours) est majoritairement et solidement contre la loi El Khomri (encore 64 % selon les derniers sondages). Ensuite parce que les provocations gouvernementales, pures manœuvres politiciennes, ne font que convaincre de plus en plus de gens que non seulement il faut en finir avec cette politique, mais en particulier avec cette équipe qui compose le gouvernement et qui incarne désormais physiquement l’arrogance des politiques néo-libérales qui savent mieux que tout le monde, contre l’avis des peuples eux-mêmes, les politiques économiques qui doivent être menées coûte que coûte. La disqualification de leurs opposants est leur seule arme. Quiconque s’y opposent est au choix : un conservateur, un fonctionnaire privilégié, un violent, un ami des casseurs, un travailleur chanceux qui méprise ceux qui n’ont pas de travail, un partisan du blocage, quelqu’un « à l’arrêt » à l’inverse de ceux qui sont « en marche », un partisan de la Corée de Nord (Aviez-vous remarqué dans le débat public que le nouveau « point Goodwin » est devenu le « point Pyongyang » ? Sitôt que vous critiquez le libéralisme on vous traite de supporter de la Corée du Nord !), voire un xénophobe (ce qui rend un beau service à l’extrême droite qui se voit ainsi banalisée).
Mais, rien n’y fait. Aucune de leurs astuces ne fonctionnent. Et malgré les menaces, il faut préparer la journée de mobilisation du 23 juin, la semaine prochaine. Et continuer d’argumenter contre la loi El Khomri, ce que j’ai encore essayé cette semaine sur France 24 face à un représentant patronal..
Mélenchon au second tour… C’est possible
Dans ce contexte, j’observe évidemment avec gourmandise toutes les études d’opinion qui montrent la dégringolade de François Hollande et surtout le croisement des courbes avec celle de Jean-Luc Mélenchon qui lui progresse, et s’installe désormais devant le Président de la République. Je ne souhaite pas non plus désorienter mes amis par un usage abusif de la lecture de ses sondages. Il faut les regarder avec distance et raison. Mon premier sondage personnel est l’immense succès du 5 juin à Stalingrad. 10 000 personnes réunies. Qui dit mieux ? Personne. Il est donc palpable que nous progressons vigoureusement. Mais, au-delà du débat sur la réalité ou non des sondages, je sais par contre l’effet concret qu’ils produisent sur le paysage politique et les consciences. Aussi, la possibilité de voir que ce que nous construisons politiquement à travers la candidature de Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise soit nettement devant le président sortant devient une réalité aux yeux de millions de gens. Ainsi, se brise un plafond de verre politique et intellectuel qui souvent se traduisait dans la discussion « d’accord avec toi, mais tu sais bien que ce n’est pas possible ». Et bien non, désormais c’est possible. Je profite aussi de l’occasion pour souligner que si l’on additionne les quelques pourcentages de voix qui se tournent vers le NPA et LO (soit un total de 3% selon certaines enquêtes) et vers le potentiel candidat EELV (2%) et qu’on les additionne à la candidature de Jean-Luc Mélenchon cela le propulse à plus de 20 % ! Vous ajoutez ensuite à l’ensemble la partie d’électeurs socialistes qui jusque-là votaient Hollande en croyant faire « un vote utile » résigné, mais qui au vu de notre progression nous rejoindront, et vous vous vous retrouvez avec une candidature Mélenchon en capacité d’être au second tour. Certes, je suis bien conscient de faire là quelques numéros d’équilibristes pour ma démonstration, mais je veux quand même convaincre que tout cela est plus crédible avec nous qu’avec un candidat issu du Parti socialiste, quel qu’il soit. Aussi, je dois dire que je ne comprends pas ce que fait et envisage la majorité de la direction actuelle du PCF. C’est vraiment pour moi un grand mystère. Avec le lancement de la campagne Mélenchon dans le cadre de « La France insoumise » nous ouvrons une étape historique inédite. Jamais nos idées n’ont été portées par un émetteur aussi puissant et aussi populaire que celui qu’incarne Jean-Luc Mélenchon. Jamais la possibilité de défaire la majorité du PS n’a été aussi forte. Jamais la potentialité d’envoyer un des nôtres au second tour est donc de l’emporter (oui, oui l’emporter) n’a été aussi élevée (malgré toutes les difficultés que je mesure) … et pour autant j’observe encore des responsables du PCF utiliser leur temps de parole médiatique pour cibler Jean-Luc de façon puérile ou répéter des phrases incompréhensibles invitant à attendre (qui ? quoi ?) dans le cadre de calendrier totalement décalée par rapport aux enjeux de la période. Il semble enfermer dans un vieux monde, l’esprit déjà tournés vers d’autres élections…Dommage. Tant pis. On avance sans eux.
Cambadélis, où l’art du dribble
Dans le rayon des farces et attrapes gouvernementales, la dernière nouveauté vient d’être proposée par l’indépassable Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du Parti socialiste. Avec un art du dribble irréprochable, qui devrait amener Didier Deschamps à le sélectionner d’urgence pour rejoindre l’équipe de France engagée dans l’Euro 2016, « Camba » a embarqué d’abord tous les observateurs et opposants internes sur une fausse proposition de révision des statuts du PS, pour dans un deuxième temps revenir à une autre proposition de « Primaire de la gauche de gouvernement ». Et hop, il a embarqué tout le monde dans un mouvement de hanche remarquable. Chapeau l’artiste ! Manifestement, comme au football la défense adverse a été totalement bernée et certains des « frondeurs » comme Christian Paul ont d’ores et déjà donné leur accord à cette astuce. Coup au but ! Pleine lucarne. Évidemment tous ceux qui participeront à cette « primaire de gouvernement » s’engagent à être en phase avec ce gouvernement et devront annoncer qu’ils gouverneront ensemble demain. Ils s’engagent aussi à soutenir le vainqueur dès le premier tour, quel qu’il soit. La bonne définition est donc plutôt la « primaire DU gouvernement », ce qui n’est pas la même chose. La combine impose à tous ceux qui sont en colère un pseudo « esprit d’équipe », en vérité alliance d’intérêts, où la seule liberté en décembre 2016 ou janvier 2017 (!) serait celle de désigner le nom de celui qui sera capitaine. Mais pour le reste, tout le monde devra avancer dans le même sens, répondre au même schéma tactique, avec un seul système de jeu… qui depuis 2012 encaisse but sur but sous la conduite d’un coach sous influence (calé sur le jeu allemand, l’équipe de France est devenu Mannschaft). Bref, la combine de Camba et compagnie est surtout une belle façon à l’arrivée d’amnistier le gouvernement actuel. Cette primaire, c’est l’ardoise magique. Astucieux. C’est l’objectif premier. Une belle façon de corseter toute opposition réelle. C’est le deuxième objectif. Les voilà tous satellites d’un astre mort. Enfin, objectif ultime, c’est une belle façon de permettre à Hollande d’être à nouveau candidat en donnant l’impression d’avoir été désigné lors d’une primaire « large » se limitant en fait à quelques satellites politiques qui viendront faire pot de fleurs et agiter des drapeaux pour que la photo du vainqueur soit plus belle. Quand on sait le degré de haine montant dans le pays contre le PS, on sait très bien que cette primaire n’aura rien de populaire, ni numériquement, ni sociologiquement. Chaque candidat potentiel devra éviter de critiquer le bilan du gouvernement sortant (au nom de la primaire de la droite qui se tient au même moment et qu’il ne faut pas alimenter, au nom du refus « de la division », au nom de « la gauche du gouvernement, et autre bla-bla…). Et chacune des réunions entre candidats se tiendra sous bonne escorte de forces de polices, fermées à toute opposition réelle. Bref, le bunker que l’on a vu ces derniers jours chaque fois que le gouvernement veut prendre la parole devant un public. C’est dans cet état d’esprit que j’ai répondu à BFM TV aujourd’hui
Bref, plus sérieusement, cette fausse primaire n’est en réalité au mieux qu’un casting médiatique pour désigner celui qui continuera « l’œuvre » (néfaste) de ce gouvernement… Et tous les notables du PS, et leurs subdivisions, jugeront qu’il vaut mieux reconduire François Hollande à cette tâche (perdue d’avance). Ils préfèreront seulement reconduire leur désignation à la prochaine élection législative. Bon courage donc à ceux qui iront ramer dans cette galère avec d’autres intentions. Ils ont perdu d’avance.
Bien joué Camba… ! Du grand art du dribble vous dis-je. Malgré le poids des années, le jeu de jambes afin de tromper l’adversaire est resté intact. Et pour terminer la comparaison avec le football, la principale différence entre Jean-Christophe Cambadélis et Paul Pogba est que le premier nommé adresse un bien réel et franc bras d’honneur… mais pas seulement à la tribune presse mais à l’ensemble de nos concitoyens qui veulent une autre politique, plus juste, plus écologique et plus sociale.
Loin de tout cela, la France insoumise grandit, grandit…