Le printemps est là et la température monte. Il en est de même sur le plan social. Bonne nouvelle. La question sociale et civique est de retour ! Ceux qui croyaient que ce pays n’attend qu’une réponse politique à ses problèmes encore plus injuste socialement et encore plus sécuritaire se trompent. Le rejet massif de la loi El Khomri (quels que soient les toilettages cosmétiques sur quelques articles) démontre nettement que notre peuple dans ses profondeurs ne veut pas de plus de précarité, de facilité pour licencier, de baisse des salaires, etc.
Le mouvement « Nuit Debout », qui se développe dans plusieurs villes, atteste également à sa façon d’une grande aspiration à la réflexion politique, au débat, à l’échange, à la créativité, à une autre Constitution, d’autres règles démocratiques, à une Assemblée Constituante pour définir une 6e République, à des droits nouveaux… C’est une chance pour un pays d’avoir une jeunesse qui refuse la fatalité, qui veut inventer un autre futur.
Parallèlement, le discrédit de ce gouvernement et sa politique atteint des profondeurs inédites que les instituts de sondages démontrent les uns après les autres, semaine après semaine, jour après jour. Qui s’en étonne ?
Dans ce contexte-là, où nos idées sont en action et se donnent à voir, gare à la réaction. Le moindre petit incident sera exploité à outrance par tous ceux qui, affolés et agressifs, veulent défendre un système au bord de l’effondrement. Aussi, les mésaventures regrettables (et que je ne soutiens pas…comme les organisateurs de Nuit Debout d’ailleurs) subies par M. Alain Finkielkraut place de la République servent désormais de prétexte pour essayer de salir un mouvement fraternel et généreux. La grosse caisse contre ce mouvement populaire est de sortie, et il est utile de lire l’article du Monde qui retrace bien l’enchainement des faits ce soir-là. Il n’empêche, ceux qui ont cru malin de l’expulser ainsi de la place n’ont pas été utile pour le mouvement général. Malgré ses outrances (toujours provocatrices depuis des années), cet homme a le droit de venir écouter ce qu’il se dit. Je dis aussi au passage que malgré les désaccords de fond que j’ai avec ses idées de ces dernières années (qui saturent l’espace médiatique), il doit garder le droit de les exprimer publiquement. Ce point-là est fondamental. Aucune société démocratique n’est possible sans la liberté d’expression. Reconnaissons toutefois, que M. Finkielkraut n’est pas un homme dont la parole serait censurée dans l’espace public. Aussi, comprenons bien qu’il est venu, ce soir-là, tranquillement pendant près d’une heure se promener au milieu des gens présents sur la place. Il y est venu longuement sans subir de problème. Mais, par la suite, alors qu’il partait, un petit groupe s’en est pris à lui, malgré la protection des organisateurs des Nuits debout je le précise… Ils ont eu tort. J’observe que le piège est là. Binaire. Les mêmes médias qui refuseraient, à raison, d’assimiler l’ensemble de la police au comportement scandaleux de ce CRS qui a frappé un lycéen de 15 ans d’un coup de poing au visage devant un établissement du 19e arrondissement, assimile joyeusement tout le mouvement Nuit Debout à cet incident qui n’est en rien symptomatique de la tonalité de ces soirées. Il suffit de venir sur place pour le constater. Mais cela doit servir de leçon. J’invite chacun à bien réfléchir à ses actes et à jouer collectif à l’avenir. Nous menons notre lutte idéologique dans une société ultra médiatisée où aucune action n’est pas interdépendante des autres. C’est pourquoi, l’intérêt général est dans la démonstration incessante de sérénité et de force, de fraternité pour rassembler toujours plus les nôtres, sans perte de temps inutile sur des détails. Idem concernant un pauvre petit visuel, fabriqué il y a 4 jours par un petit syndicat de la CGT, et qui demande à la police de ne pas commettre de violence (ceux qui, hélas, s’est produit quelques fois ces derniers jours). Aussitôt, flairant l’aubaine, le gouvernement utilise ce document passé inaperçu pour s’en prendre au premier syndicat de travailleurs du pays. Minable. Quel que soit ce que l’on pense de la pertinence de cette affichette inutilement provocatrice, et sans doute blessante pour beaucoup de policiers qui font leur travail avec courage, les attaques contre la CGT sont outrancières et pleines d’arrières pensées.
J’évoquais plus loin les sondages. Un dernier mot à ce sujet. Il ne m’a pas échappé la progression confirmée de Jean-Luc Mélenchon dans des récentes études d’opinion. Bien sûr, cela fait du bien au moral et atteste de la pertinence de notre action. Mais, je dis à tous mes amis, gardons la tête froide. Et puis surtout, je préviens : vigilance ! Les mêmes provocations qui veulent affaiblir les « Nuit debout » ou le syndicalisme de lutte nous frapperont sans doute prochainement. Nous devenons un problème de plus en plus important pour le système qui préfèrent des citoyens apathiques et somnolents, frappés du syndrome de « dormir debout ». Le tripartisme confortable, enfermant chaque citoyen dans un choix déprimant entre le FN, la droite ou le pouvoir en place explose sous nos yeux. Ce n’est pas ce qu’ils avaient prévu. La plainte posée par la Société Générale conter Jean-Luc Mélenchon, David Koubbi et Jérôme Kerviel en atteste. Le système ne joue plus. Il a peur et se défend avec des moyens conséquents. Que chacun de mes amis en tirent des enseignements et des conclusions pratiques. Les maladresses de quelques-uns peuvent avoir des conséquences sur tous.
Voilà chers amis, bon courage à tous et je vous informe que je vais être éloigné du clavier pendant quelques jours.