Je m’éloigne un instant de l’actualité politique, même si j’ai gardé l’œil rivé sur les débats en cours actuellement au Sénat qui font suite à ceux qui se sont déroulés à l’Assemblée nationale hier. J’y reviendrai dans un billet plus étoffé. En ces heures graves, je suis pour que chacun garde de la rationalité dans ces jugements. Il serait inadapté de nous déchirer avec une passion déplacée avec nos camarades de lutte dans le combat social. Ceci étant posé, que penser ?
Pour ma part, comme pour le Parti de Gauche, je crois que le lourd attirail législatif actuel (3 lois antiterroristes adoptées depuis 2012, et seulement 5 des 12 décrets d’application de la dernière ont été promulgués !) permet largement d’apporter une réponse, à la hauteur de la situation, pour neutraliser dans les meilleurs délais, ceux qui frappent des innocents dans les rues de Paris. A condition bien entendu de rompre avec les politiques d’austérités. En écrivant cela, je ne fais le « Monsieur Plus ». Ces coupes budgétaires sont la cause de l’affaiblissement de l’Etat que nous dénonçons depuis des années. Ce sont elles qui ont affaiblis les services de la Police nationale et du renseignement. Quelques chiffres : moins 2700 douaniers en 10 ans, moins 12 000 policiers et gendarmes sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, moins de 15 000 soldats programmés entre 2014 et 2019. Ce dernier chiffre amenait même le Général Pierre de Villiers, chef de l’Etat-major des Armées, à dire : « Nous aurons en 2019 moins de militaires professionnels qu’en 1996 avant la professionnalisation ». Seul un français sur deux de retour de Syrie est suivi par la justice faute de moyens dans la justice antiterroriste selon M. Marc Trevidic lui-même ancien juge antiterroriste. Son jugement est sans appel « ce ne sont pas les lois qui manquent, mais les moyens ».
Voilà des faits rationnels que nous dénonçons depuis longtemps. De même, je condamne les choix géopolitiques de ces dernières années qui ont amené à faire commerce avec des Etats obscurantistes (Qatar, Arabie Saoudite et même dans une moindre mesure la Turquie…) qui ont des liens directs ou indirects avec ce qu’il est convenu de nommer Daesh. Mon parti, est bien sûr Jean Luc Mélenchon (lisez son blog) ont déjà l’occasion de s’exprimer sur ce point. Qui finance Daesh ? Voilà la question majeure. Quels sont les circuits financiers de cet Etat ? Comment les couper ? Etc. Ne pas répondre à cela, c’est ne pas prendre la mesure réelle de nos problèmes.
Aussi, si j’avais eu l’honneur d’être parlementaire, parce que cela me semble inefficace pour briser ce qui frappe notre population, je n’aurais pas voté l’Etat d’urgence proposé par le gouvernement pour 3 mois. Non par posture, mais dans une démarche rationnelle, à la recherche de l’efficacité concrète et rapide.
Ceci étant dit. Il est des actes de résistance bien plus modeste, presque dérisoire, qui passe par la proclamation de l’amour du beau et de la culture. Aussi, marchez devant les poètes ! Aidez-nous à surmonter ces moments douloureux. Aidez-nous par votre sensibilité à fleur de peau, par vos excès parfois, à ce que nous puissions continuer à être des femmes et des hommes qui méritent encore le nom d’être humain. Aidez-nous à lutter contre l’obscurantisme et le fanatisme religieux. Aidez-nous à faire aimer la laïcité et la liberté de conscience. Aidez-nous à garder la tête froide et maintenir notre capacité de critique et notre vigilance pour garder nos libertés. Aidez-nous à exprimer ce que nous entendons par le beau mot de Fraternité. Aidez-nous à trouver les mots qui nous font aimer la liberté et l’égalité…. Encore et toujours. Oui, aidez-nous les poètes.
Alors, je ne veux rien d’autre ce matin que vous faire simplement partager ce beau texte de François Morel qu’il a lu avec passion et émotion, ce matin au micro de France Inter…
Oui, marchez devant les poètes… Marchez, marchez, ne vous arrêtez pas… Vous nous ouvrez la voie. Même les plus modestes, vos paroles ont une grande importance. Ne renoncez à rien M. Morel, et votre cri de rage devient un cri d’espoir qui sonne à nos oreilles comme un « On lâche rien ». Message reçu.
Merci François Morel !